(Belgrade) Le ministère serbe de l’Intérieur a rejeté jeudi les témoignages de plusieurs dizaines de migrants qui ont affirmé avoir été battus, déshabillés et privés de leurs vêtements par la police serbe avant d’être brutalement refoulés vers la Macédoine du Nord.

Selon Legis, une organisation non gouvernementale macédonienne qui assiste les migrants depuis des années, « plus de 70 migrants » qui essayaient de traverser les Balkans pour parvenir en Europe occidentale sont arrivés dans le village macédonien de Lojane (nord), près de la frontière serbe, la plupart d’entre eux avec juste leurs sous-vêtements sur eux.

Originaires de « divers pays », ceux-ci ont raconté aux membres de Legis avoir été « battus et humiliés par la police serbe » et privés de tout ce qu’ils avaient sur eux, a raconté le président de l’ONG Jasmin Redzepi le 16 février à l’AFP.

Legis a diffusé sur X une vidéo tournée, selon l’ONG, par des villageois sur la route entre le village de Lojane, où les premiers migrants sont arrivés le 9 février, et la frontière avec la Serbie. On y voit des hommes marchant de nuit pieds nus sur les bords de la route.

Les autorités frontalières serbes ont été priées par leurs homologues de Macédoine du Nord de fournir des explications sur les évènements qui se sont déroulés à Lojane où deux groupes de migrants irréguliers ont été découverts en février, a déclaré le ministère serbe de l’Intérieur.

Les migrants ont affirmé que « les policiers serbes les avaient battus, avaient lâché sur eux les chiens de la police […] les avaient dévêtus, ne leur laissant que leurs sous-vêtements et les avaient obligés à retourner en Macédoine du Nord à pied », a poursuivi le ministère.

Des vérifications immédiatement faites dans un centre régional de la police aux frontières ont permis d’établir qu’il n’y avait pas eu de patrouilles de la police serbe dans cette zone à cette date, peut-on lire dans le communiqué.

La police serbe aux frontières n’a pas recours aux chiens dans ses opérations de surveillance et n’en possède pas, a encore affirmé le ministère, déclarant n’avoir aucune confirmation du fait que « les évènements litigieux se soient produits sur le territoire de la Serbie ».

Depuis le début de la crise des migrants, la Serbie travaille à « la suppression des migrations illégales dans le respect absolu des droits humains », a assuré le ministère serbe de l’Intérieur.

Jasmin Redzepi a dénoncé une politique anti-migrants « approuvée silencieusement » par l’Union européenne.

Près de 100 000 migrants ont utilisé la « route des Balkans » entre janvier et octobre 2023, selon l’agence européenne des frontières Frontex.