(Londres) L’ancienne première ministre britannique Theresa May a annoncé vendredi qu’elle ne se représenterait pas lors des prochaines élections législatives, emboîtant le pas à une soixantaine de députés conservateurs qui jettent l’éponge alors que leur parti est au plus mal dans les sondages.

Theresa May, 67 ans, est pour l’heure la députée la plus capée à annoncer une telle décision. Elle était élue à la Chambre des communes depuis 27 ans.

Elle avait pris la tête du gouvernement après la démission de David Cameron dans la foulée du référendum de juin 2016 favorable à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Elle avait annoncé sa démission trois ans plus tard au bord des larmes, faute d’avoir réussi à faire adopter son accord de sortie de l’UE par le Parlement.

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Theresa May

Dans une déclaration auprès du journal local de sa circonscription, le Maidenhead Advertiser, Theresa May a invoqué le temps croissant qu’elle consacre à la lutte contre l’esclavage moderne et la traite des êtres humains.

« Après mûre réflexion, j’ai réalisé qu’à l’avenir, je ne serai plus en mesure de faire mon travail de députée de la manière que je crois juste et que mes électeurs méritent », a-t-elle annoncé.

Députée de Maidenhead (à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Londres) depuis 1997, Theresa May a été ministre de l’Intérieur de David Cameron de 2010 à 2016, avant de lui succéder à la tête du gouvernement.

« Je travaillerai avec mon successeur pour assurer une victoire des conservateurs à Maidenhead », a déclaré Theresa May, manifestant son soutien envers l’actuel premier ministre Rishi Sunak et son gouvernement.

Ce dernier a rendu hommage à une « militante acharnée », à la loyauté farouche envers ses administrés, deuxième femme à diriger le gouvernement britannique, après Margaret Thatcher.

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Theresa May

Inédit depuis 1997

Theresa May affirme également croire en une victoire de son parti, au pouvoir depuis 14 ans, malgré le marasme des sondages.

Une étude Ipsos publiée lundi donne les conservateurs distancés de 27 points par l’opposition travailliste, qui espère faire entrer son chef Keir Starmer à Downing Street.

À l’approche des élections, dont la date n’a pas été annoncée mais qui sont attendues plutôt à l’automne qu’en mai, 64 députés conservateurs ou anciens conservateurs, sur un total de 348 actuellement à la Chambre des communes, ont annoncé qu’ils ne se représenteraient pas.  

C’est le nombre le plus élevé depuis 1997, année de l’arrivée au pouvoir du travailliste Tony Blair.

Cette hémorragie montre selon la présidente du parti travailliste Anneliese Dodds que les conservateurs n’ont « aucune confiance » dans leurs chances de victoire.

Une appréciation réfutée par le secrétaire d’État au Trésor Gareth Davies, qui a fait valoir que des députés de tout bord faisaient le choix de ne pas se représenter.

Selon le professeur de sciences politiques Tim Bale, nombre de conservateurs quittent le navire par crainte de se retrouver dans l’opposition.

« Et pour certains, je soupçonne, mus par des sentiments mitigés au sujet de la direction radicale de droite populiste que le parti semble emprunter en ce moment », a-t-il déclaré à l’AFP.

Selon les médias britanniques, le parti conservateur peine à recruter des candidats et certains de ses députés omettent de mentionner leur formation politique sur leurs tracts.