(Dublin) La démission surprise mercredi du premier ministre irlandais Leo Varadkar a lancé la course au sein de son parti de centre droit pour lui trouver un successeur, à trois mois d’élections locales et européennes test pour la coalition au pouvoir.

Jeudi en fin de journée, un seul candidat s’était déclaré : Simon Harris, actuel ministre de l’Enseignement supérieur.

Pourquoi cette démission ?

Chef du gouvernement depuis décembre 2022, ce médecin métis et homosexuel avait fait un premier passage au pouvoir en 2017, devenant le plus jeune premier ministre d’une Irlande traditionnellement conservatrice.  

Mercredi, il a justifié sa démission par des raisons « personnelles et politiques », sans donner plus de détails.

« Les hommes politiques sont des êtres humains et ont leurs limites », a-t-il ajouté. Son départ intervient après la débâcle du référendum proposé le 8 mars par le gouvernement pour moderniser la Constitution, rédigée en 1937, en modifiant les références aux femmes et à la famille.

Quelles sont les prochaines étapes ?

La course pour remplacer Leo Varadkar, 45 ans, à la tête du parti Fine Gael et lui succéder en tant que premier ministre de l’Irlande a commencé.

Les candidats potentiels ont jusqu’à lundi pour se présenter, et un vote des militants doit se tenir entre le 2 et le 4 avril. Le vainqueur doit être annoncé le 5 avril.

Le parlement irlandais, au sein duquel le Fine Gael a formé une majorité de gouvernement avec un autre parti de centre droit, le Fianna Fail, et le parti Vert, votera ensuite d’ici fin avril pour désigner le future taoiseach (le titre officiel du premier ministre).

Qui sont les candidats ?

L’actuel ministre de l’Enseignement supérieur Simon Harris est le seul candidat à s’être déclaré à ce stade.

À 37 ans, ce député qui siège depuis 2011 au Parlement irlandais, a déjà reçu le soutien de nombreux élus de son parti le Fine Gael, dont de certains ministres.

Il fait donc figure de favori, dans un scrutin où le vote des parlementaires du parti compte davantage que celui de ses 20 000 militants.

D’autant que d’autres poids lourds du Fine Gael, comme le ministre des Finances Paschal Donohoe ou la ministre de la Justice Helen McEntee, ont déjà indiqué qu’ils ne se présenteraient pas.

« Je pense que c’est terminé. […] Avec (Paschal) Donohoe hors-course, il est difficile de voir qui pourrait se présenter contre (Simon) Harris », a estimé Paul Cunningham, journaliste politique pour la chaîne publique RTE.

En annonçant sa candidature, Simon Harris a affirmé vouloir apporter « énergie et enthousiasme » à la tête de son parti ainsi que son « expérience concrète de la vie ».

Quelles conséquences pour les législatives à venir ?

Les prochaines élections législatives doivent se tenir d’ici mars 2025.  

Avant la démission de Leo Varadkar, les analystes politiques s’attendaient à ce qu’elles aient lieu d’ici la fin de cette année. Mais les chefs des deux partis de la coalition au pouvoir – Micheal Martin du Fianna Fail et Eamon Ryan des Verts – ont affirmé leur préférence de voir le gouvernement servir jusqu’au bout de la législature.

À l’inverse, les partis d’opposition réclament en chœur des élections anticipées dès que possible.

« Plutôt que de continuer à boiter et de se repasser le poste de taoiseach entre vous (au sein de la coalition au pouvoir), la voie démocratique correcte est de revenir devant le peuple » pour une élection, a fait valoir Mary Lou McDonald, cheffe du Sinn Fein, la principale force d’opposition marquée à gauche et actuellement en tête dans les sondages d’opinion.