(Moscou) Moscou et Kyiv se sont accusées mutuellement lundi d’avoir attaqué à l’aide de drones la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par la Russie dans le sud de l’Ukraine et cible périodiquement de dangereux bombardements.

Cette centrale nucléaire, la plus grande d’Europe avec six réacteurs, a été visée par plusieurs drones dimanche puis à nouveau par un engin lundi, selon son administration installée par Moscou.

« Les tentatives des forces armées ukrainiennes d’attaquer la centrale nucléaire de Zaporijjia se poursuivent », a-t-elle indiqué sur Telegram, évoquant « un drone kamikaze abattu au-dessus de la centrale » qui est « tombé sur le toit » du réacteur numéro 6, sans constituer de danger pour l’installation.

PHOTO NALINI LEPETIT-CHELLA, AFP

Carte de la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine

Au moins six personnes ont été tuées lundi à la suite de bombardements russes dans plusieurs régions ukrainiennes y compris celle de Zaporijjia (sud), déjà victime de frappes meurtrières la veille, ont annoncé les autorités locales.

Selon Ivan Fedorov, le gouverneur de la région de Zaporijjia, trois personnes ont été tuées et huit blessées lors d’une frappe de missile russe ayant visé «  une installation industrielle ».

« Selon les données préliminaires, 14 bâtiments ont été endommagés dont sept immeubles, un établissement de santé et une institution culturelle », a-t-il précisé sur Telegram.

Dans la région de Soumy (nord), une personne a été tuée et cinq blessées dans des bombardements russes sur le chef-lieu éponyme et sur la ville de Bilopillia, qui ont endommagé des bâtiments administratifs et résidentiels, a indiqué la police.

À Tchassiv Iar, ville de l’est du pays sous la menace d’une offensive de l’armée russe, une femme de 77 ans a été tuée et trois personnes blessées dans des tirs d’artillerie, selon Vadym Filachkine, à la tête de la région de Donetsk où la cité se trouve.

Une personne a également été tuée dans la région de Poltava, dans le centre de l’Ukraine, et cinq blessées, dont trois enfants, après des tirs qui ont provoqué un incendie et l’effondrement du toit d’un bâtiment, a annoncé le gouverneur Filip Pronin.

« Manipulation »

La veille, l’agence atomique russe Rosatom avait rapporté qu’un drone s’était écrasé sur la cantine de la centrale de Zaporijjia, faisant trois blessés, et d’autres sur un quai de chargement et sur le toit de l’un des réacteurs.

L’Ukraine a de son côté accusé la Russie de diffuser de « fausses » informations et assuré que ce sont les forces russes qui attaquaient elles-mêmes avec des drones la centrale qu’elles occupent depuis mars 2022.

Le chef du centre ukrainien de lutte contre la désinformation, Andriï Kovalenko, a mis en cause une « campagne de provocation et de falsification » de la Russie visant à faire croire « que la menace pour la centrale et la sécurité nucléaire vient de l’Ukraine ».

Un porte-parole du renseignement ukrainien, Andriï Ioussof, a auparavant accusé Moscou de procéder à des « frappes simulées ». « L’Ukraine n’a rien à voir avec la moindre provocation armée dans l’enceinte de la centrale », a-t-il assuré dimanche.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui dispose d’une équipe d’experts sur le site de la centrale, avait dénoncé dimanche après la première attaque une « escalade majeure » et « un incident grave pouvant potentiellement porter atteinte à l’intégrité de l’enceinte de confinement du réacteur ».

Elle avait indiqué sur X que ses experts avaient « confirmé les impacts physiques d’attaques de drones à la centrale de Zaporijjia ce jour, y compris sur l’un de ses six réacteurs », sans les attribuer nommément à l’Ukraine.

Selon son directeur Rafael Grossi, il y a eu dimanche « au moins trois impacts directs sur les principales structures de confinement » de la centrale.

Contrairement à Rosatom, l’AIEA n’a fait état que d’un blessé.

Rosatom a appelé l’AIEA et les pays de l’Union européenne à « condamner catégoriquement l’escalade ».

M. Kovalenko a lui accusé la Russie de « manipuler les préoccupations de l’AIEA ».

La centrale de Zaporijjia, qui ne produit plus d’électricité, a été visée par des frappes et bombardements à de multiples reprises depuis plus de deux ans, pour lesquelles Moscou et Kyiv se sont toujours rejeté la responsabilité.