Le Parlement d'Irak tentera demain d'examiner l'accord sur le retrait des troupes américaines du pays, mais le débat s'annonce plus ardu cette fois, les opposants ayant découvert de nouvelles failles dans le texte négocié durant plus d'un an.

Déjà, côté américain, des élus démocrates jugent trop vague la formulation sur le statut des 150 000 GI durant les trois années qu'il leur restera en Irak - ils seront sous commandement conjoint américano-irakien, et ils tomberont, avec les sous-contractants civils du Pentagone, sous le coup de lois irakiennes.

 

Côté irakien, il y a ceux, comme le bloc chiite de Moqtada Sadr, qui trouvent que l'accord prolonge l'occupation américaine de trois ans. Ils ont manifesté vendredi en brûlant George W. Bush en effigie à Bagdad, sur le socle même de la statue de Saddam Hussein renversée par des GI en avril 2003, place Firdous.

Avoirs irakiens menacés

D'autres opposants soulignent que l'accord ne dit rien de la libération des 16 500 détenus de l'armée américaine, et surtout qu'il ne met pas le pétrole et les avoirs irakiens à l'abri de saisies pour les milliards de dollars de dommages réclamés à l'ancien régime de Saddam Hussein. L'actuel mandat de l'ONU couvrant l'occupation protège les avoirs et le pétrole irakiens. Mais ce mandat expire le 31 décembre. Des Irakiens et des Américains qui appuient l'accord ont reconnu dimanche que Washington et Bagdad devront négocier une garantie séparée.

Selon un conseiller du premier ministre Nouri al-Maliki, des officiels américains, dont l'ambassadeur Ryan Crocker, «ont donné des garanties morales et politiques qu'ils défendront les droits de l'Irak». Mais, a-t-il admis, «ces garanties n'ont aucun impact juridique».

«Aucun gouvernement responsable ne signerait un tel accord», a dit le député Mahdi al-Hafedh, l'un des premiers à identifier le problème.

Des sunnites soulignent que, selon l'accord, les États-Unis remettront leurs détenus aux autorités irakiennes qui risquent d'exercer contre eux des exactions et des actes de vengeance.

L'Iran y a mis son grain de sel hier en qualifiant l'accord de «mirage». «L'accord va créer des problèmes», a dit Ali Larijani, président du Parlement iranien. Il a dénoncé «l'immunité judiciaire» accordée aux GI, et il a ajouté que l'accord ne «donnait aucune garantie sur le départ des Américains».

Des analystes cités par le Los Angeles Times estiment que Maliki veut s'imposer comme «un Saddam Hussein chiite et bienveillant» en devenant «celui qui aura mis fin à l'occupation américaine de l'Irak». Il prône un pouvoir central fort, et il mise sur les élections provinciales de janvier, disent-ils.

Pétrole: Kurdes et Chinois

Le ministre du Pétrole, Hussein al-Shahristani, a rencontré hier des chefs kurdes pour débloquer la loi nationale du pétrole, alors que les Kurdes ont conclu une vingtaine d'accords énergétiques avec des firmes étrangères.

L'Irak et la Chine viennent de signer un contrat pétrolier de 3,5 milliards US. «La négociation du contrat remonte à l'époque de Saddam Hussein», a dit un officiel du ministère. C'est le premier gros contrat pétrolier signé par l'Irak depuis l'invasion américaine de 2003.

Sur le terrain hier, trois attentats ont fait 17 morts et 25 blessés à Bagdad. À Washington, le groupe Solidarité chrétienne internationale (CSI) a lancé un appel au premier ministre Maliki et au président désigné américain Barack Obama pour «empêcher l'extinction de la communauté chrétienne et des minorités en Irak».

Selon le CSI, les chrétiens de Mossoul font l'objet d'une «campagne de terreur» qui a fait 13 morts et 13 000 déplacés début octobre.

Avec Afp, Ap, Reuters, Upi, Lat, Nyt, Bbc, Cnn