C'est pour démontrer ses qualités de leader à quelques semaines des élections générales en Israël et pour restaurer l'image de puissance de l'armée israélienne que la ministre des Affaires étrangères et chef du parti politique Kadima, Tzipi Livni, a lancé une vague de raids aériens sans précédent hier, estiment deux spécialistes du Moyen-Orient.

Arrivée à la tête du parti Kadima en septembre dernier, Tzipi Livni devra affronter l'ex-premier ministre Benjamin Nétanyahou aux prochaines élections. Le chef du Likoud est un tenant de la ligne dure contre le mouvement islamiste Hamas, et les sondages lui accordent une bonne cote de popularité.

 

«Livini tente de s'imposer afin d'éviter une surenchère de la droite menée par Nétanyahou», explique le politologue Sami Aoun, de l'Université de Sherbrooke. «Elle joue également sur les divisions qui existent entre le Hamas, qui contrôle présentement la bande de Gaza, et le Fatah, qui dirige le reste des territoires palestiniens.»

Le spécialiste des questions du Moyen-Orient explique que le Hamas a repris les tirs de roquettes contre l'État hébreu parce qu'il considère que la trêve de six mois conclue avec Israël, qui s'est terminée le 19 décembre, n'a pas apporté les gains politiques escomptés.

Selon Alain-Michel Ayache, professeur de sciences politiques à l'UQAM et à l'Université Concordia, les frappes aériennes visent notamment à réaffirmer la puissance de l'armée israélienne.

«Lorsque Israël a attaqué le Liban en 2006, la résistance a duré 33 jours. Pour l'opinion publique du monde arabe, cela a été perçu comme une grande victoire, explique-t-il. L'image de l'armée israélienne comme la plus puissante de la région a été détruite. Livini est plus radicale que le premier ministre sortant, Ehoud Olmert. Elle tient à projeter une image forte et déterminée de son parti avant le scrutin.»

Escalade des tensions?

Les attaques d'hier pourraient être les premières d'une série d'actions visant à affaiblir le Hamas. Le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barack, a indiqué que l'opération militaire se poursuivra et s'intensifiera autant que cela sera nécessaire. En fin d'après-midi, des militants du Hamas n'ont toutefois pas tardé à répliquer en tirant plus de 70 roquettes contre Israël, tuant un civil, selon la police israélienne.

Selon Alain-Michel Ayache, l'attitude du Hamas et de l'autorité palestinienne, le Fatah, dans les prochains jours sera déterminante pour la suite des choses. Les deux partis palestiniens sont en conflit depuis que le Hamas s'est emparé de la bande de Gaza en juin 2007.

«Si le Fatah tend la main au Hamas ou si les pays arabes de la région font pression sur la Palestine pour un autre cessez-le-feu, ça pourrait calmer le jeu. Mais si le Hamas réplique avec des commandos suicide ou d'autres attaques, qui sait jusqu'où cela peut aller?»