Israël a approuvé une extension de l'offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza, qui a fait plus de 700 morts en 12 jours, tout en envoyant des émissaires en Égypte discuter de propositions de trêve qui ont permis une pause dans les bombardements dans la journée.

Au cours d'une réunion présidée par le Premier ministre sortant Ehud Olmert, le cabinet de sécurité a «approuvé la poursuite des opérations terrestres, y compris une troisième phase qui élargira l'offensive en pénétrant plus avant dans les zones peuplées», a déclaré un responsable sous couvert d'anonymat.

Il a souligné qu'il appartiendrait aux responsables de la Défense d'appliquer ou non la décision.

Dans le même temps, Israël annonçait l'envoi d'émissaires jeudi au Caire pour discuter de propositions de cessez-le-feu formulées mardi en Egypte par le président égyptien Hosni Moubarak, en coordination avec son homologue français Nicolas Sarkozy.

Amos Gilad, conseiller politique du ministre de la Défense, Ehud Barak, et Shalom Turjman, conseiller de M. Olmert, vont examiner le plan égyptien qui bénéficie d'un large soutien international.

Le département d'Etat américain s'est dit ouvert à l'initiative égyptienne, même s'il étudie également d'autres possibilités. Le président élu Barack Obama a, quant à lui, assuré qu'il s'engagerait sur la situation à Gaza «immédiatement» après son investiture le 20 janvier, laissant à George W. Bush le soin de conduire la politique étrangère jusqu'à cette date.

Moscou a de son côté appelé à arrêter «d'urgence l'effusion de sang» à Gaza pour «empêcher une catastrophe humanitaire».

Le plan égyptien prévoit notamment «un cessez-le-feu immédiat pour une période limitée» afin de permettre l'ouverture de couloirs humanitaires et la poursuite des efforts égyptiens en vue d'une trêve permanente et des arrangements pour sécuriser les frontières de la bande de Gaza avant leur éventuelle réouverture.

Israël a dit espérer que cette réunion organisée avec les Egyptiens mènera «à un accord sur la question de la contrebande d'armes qui créerait les conditions permettant de mettre fin à l'opération militaire à Gaza».

Le Hamas a fait part de ses «réserves», jugeant que le plan ne devait pas être considéré comme un tout «à prendre ou à laisser».

A la suite de l'initiative égyptienne, Israël a interrompu ses bombardements sur Gaza-ville mercredi pour trois heures «pour des raisons humanitaires». Le Hamas a cessé ses tirs de roquettes durant cette brève accalmie.

Les habitants de la ville, paralysée par douze jours de raids, ont profité de cette pause pour se ravitailler dans les épiceries et les boulangeries, alors que selon l'armée israélienne, 78 camions d'aide humanitaire sont entrés dans la bande de Gaza mercredi.

Les agences humanitaires ont dénoncé une crise «totale» dans ce territoire pauvre et surpeuplé, qui manque de denrées, de carburant, d'eau courante et qui souffre de coupures d'électricité.

Sur le terrain, les attaques israéliennes ont baissé d'intensité au lendemain d'une journée sanglante au cours de laquelle des dizaines de civils ont été tués, dont une cinquantaine dans des écoles de l'ONU touchées par les frappes.

L'ONU a démenti des allégations israéliennes faisant état de la présence de combattants dans une des écoles où plus de 40 personnes ont péri. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a qualifié de «totalement inacceptables» les attaques contre les écoles.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a réclamé la création d'une commission d'enquête de l'ONU pour faire la lumière sur cette affaire, dans un communiqué.

Les critiques virulentes se sont multipliées à l'encontre d'Israël. Le rapporteur de l'ONU sur les droits de l'Homme dans les territoires palestiniens, Richard Falk, l'a notamment accusé de commettre «un crime contre l'humanité» à Gaza, estimant que les responsables israéliens devaient être jugés.

Au Vatican, le cardinal Renato Martino, «ministre» de la Justice et de la Paix, a estimé dans un entretien que la bande de Gaza «ressemble de plus en plus à un camp de concentration».

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien, Ygal Palmor, a accusé le cardinal d'employer des termes «tirés de la propagande du Hamas».

Israël affirme que son offensive vise à contraindre le Hamas à mettre fin aux attaques à la roquette, qui ont tué quatre civils israéliens depuis le 27 décembre. Vingt-deux roquettes ou obus de mortier se sont abattus mercredi sur le sud d'Israël.

L'offensive israélienne a coûté la vie à au moins 704 Palestiniens, dont 220 enfants, et fait quelque 3 100 blessés en douze jours, selon un bilan des services d'urgence palestiniens.

Mercredi, au moins 23 Palestiniens dont neuf enfants ont été tués, selon ces sources.

L'armée israélienne a en outre largué dans la soirée sur Rafah (sud) des tracts sommant les habitants de quitter les zones frontalières de l'Egypte en raison de bombardements imminents contre des tunnels de contrebande.

Par ailleurs, la branche militaire du Jihad islamique a revendiqué un tir de roquette d'un nouveau type contre un bateau de la marine israélienne.