Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a fini par adopter à Genève une résolution qui «condamne vigoureusement l'opération israélienne» dans la bande de Gaza, à l'issue d'une session extraordinaire conclue par un vote qui a divisé ses 47 Etats membres.

Le texte, adopté par 33 voix pour, 1 contre (celle du Canada) et 13 abstentions (dont les Européens et la Suisse), demande «l'arrêt immédiat» de l'offensive des forces armées israéliennes, qui «s'est traduite par des violations massives des droits de l'homme et la destruction systématique des infrastructures» palestiniennes.

Fruit de cinq jours d'âpres négociations, la résolution demande également la fin des tirs de roquettes contre des civils israéliens sans toutefois nommer leurs auteurs, les militants du mouvement palestinien Hamas, et sans non plus les condamner explicitement.

Le texte prévoit en outre la mise en place d'une «mission internationale indépendante» d'enquête chargée de faire la lumière sur les violations des droits de l'homme commises «par la puissance occupante, Israël, contre le peuple palestinien».

Le caractère jugé déséquilibré de la résolution a empêché le Conseil des droits de l'homme de parvenir à un consensus, contrairement à son habitude et en dépit des efforts en ce sens déployés par les Palestiniens eux-mêmes.

«Malheureusement, la résolution n'aborde qu'un côté du problème», a déploré l'Union européenne en faisant allusion aux tirs de roquettes palestiniens contre le territoire israélien qui ont entraîné l'intervention israélienne fin décembre, et que certains pays auraient voulu voir condamner.

«La lumière doit être faite sur toutes les allégations de violations des droits de l'homme», a relevé pour sa part la Suisse pour motiver son abstention.

En effet, le mandat de la mission d'enquête ne concerne que les violations commises par Israël, et ne mentionne aucunement celles commises par les Palestiniens.

Pour Israël la résolution est «déséquilibrée», ne reflète pas la réalité du Moyen-Orient et «encourage le Hamas» à persévérer.

«Elle va renforcer (chez les Palestiniens, ndlr) l'illusion que les résolutions de l'ONU sont la solution à leurs souffrances», a déclaré l'ambassadeur israélien, Aharon Leshno-Yaar.

Pour l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), le fait que la résolution se focalise sur Israël «mine sa crédibilité».

«Si elle avait été plus équilibrée, elle aurait pu faire l'objet d'un consensus ou d'une approbation plus large», estime la directrice de HRW à Genève, Julie de Rivero. «Faute de quoi elle va permettre à Israël de renforcer l'idée qu'elle seule est visée», a-t-elle regretté.

Pour Mme de Rivero, la résolution témoigne plus de la volonté politique de ses promoteurs - les pays africains, ceux du Mouvement des non-alignés ainsi que les membres de l'Organisation de la Conférence Islamique - plutôt que d'un réel souci pour les Palestiniens.

32 des 47 Etats membres du Conseil des droits de l'homme, soit le double du minimum requis, avaient demandé la tenue de la session extraordinaire consacrée aux «graves violations des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, y compris la récente agression dans la bande de Gaza occupée».