L'armée israélienne a violemment bombardé jeudi Gaza, touchant un complexe de l'ONU, un bâtiment de presse et un hôpital, suscitant une vague de condamnations dans le monde au 20e jour de son offensive dévastatrice contre le Hamas qui a tué près de 1100 Palestiniens.

Ces attaques sont survenues alors qu'une intense activité diplomatique était en cours pour arracher un accord de cessez-le-feu sous les auspices de l'Egypte entre Israël et le mouvement islamiste Hamas.

Selon un responsable égyptien non identifié, cité par la télévision publique, Israël a donné une «réponse totalement favorable» au plan égyptien pour mettre fin à la guerre de Gaza,

«Les prochaines heures seront décisives et nous espérons qu'il y aura des développements positifs pour un cessez-le-feu rapide», a déclaré auparavant à Ramallah le président palestinien Mahmoud Abbas, qui n'exerce aucun contrôle sur Gaza.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, arrivé en Israël dans le cadre d'une tournée régionale, a estimé que les conditions étaient réunies pour que les combats cessent «maintenant», en jugeant «insupportable» le nombre des victimes palestiniennes.

Trois employés de l'Unrwa, la principale agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens, ont été blessés par des obus de chars qui ont endommagé son complexe, selon un porte-parole de l'agence qui a suspendu ses opérations dans l'enceinte après la destruction de plusieurs entrepôts dans un incendie .

M. Ban s'est dit «scandalisé» par ce bombardement. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a affirmé en le recevant qu'Israël avait riposte à des tirs en provenance du complexe de l'ONU.

L'incendie a ravagé des dizaines de tonnes d'aide humanitaire et risquait de se propager dans les réservoirs de fioul, a affirmé le porte-parole Adnane Abou Hasna, estimant les pertes à des dizaines de millions de dollars.

Le directeur de l'agence onusienne, John Ging, a affirmé que l'incendie avait été provoqué par des bombes au phosphore tirées par l'armée israélienne.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a condamné ce bombardement «indéfendable» et «inacceptable» alors que le commissaire européen à l'aide humanitaire Louis Michel s'est dit «choqué» et «consterné».

Les attaques israéliennes ont aussi touché un immeuble abritant les bureaux de plusieurs médias arabes et internationaux. Deux cameramen palestiniens de la télévision arabe d'Abou Dhabi ont été blessés.

Un incendie s'est déclaré en outre à l'hôpital Al-Quds relevant du Croissant Rouge palestinien, touché par des obus, provoquant des scènes de terreur dans l'établissement.

Selon la Croix-Rouge internationale, un centaine de patients et de personnel médical sont en danger dans l'hôpital.

La France a condamné «avec la plus grande fermeté» le bombardement de l'hôpital, de l'immeuble de presse et des bâtiment de l'ONU.

Quelques heures plus tôt, les chars, appuyés par l'aviation, avaient avancé sur plusieurs centaines de mètres dans Tal Al-Hawa, un quartier périphérique de Gaza-ville. Ils y ont affronté des combattants palestiniens tirant au mortier et à la roquette antichar.

Une colonne de blindés a pris position dans un parc public du centre du quartier, forçant des centaines de familles palestiniennes à fuir les lieux.

Au moins 40 Palestiniens ont été tués par des raids et des tirs israéliens ces dernières heures, dont une femme et ses trois enfants dans le nord de la bande de Gaza, selon des sources médicales.

Pendant la nuit, la bande de Gaza avait été la cible de violents bombardements, les plus intenses depuis le début de l'offensive, selon des habitants.

Entre-temps, les tirs de roquettes à partir de Gaza ont continué. Selon l'armée, 25 engins sont tombés sur le sud d'Israël, faisant 5 blessés à Beersheva, à 40 km de Gaza, dont un grièvement atteint, selon les services de secours et l'armée.

Depuis le début de l'offensive, 1090 Palestiniens ont été tués, dont 355 enfants et 100 femmes, et plus de 5.000 blessés, selon un dernier bilan des services d'urgence à Gaza.

Durant cette période, dix militaires et trois civils israéliens ont péri.

«Les opérations militaires continuent. Nous avons enregistré des succès exceptionnels», a dit le ministre israélien de la Défense Ehud Barak dans un communiqué.

Les efforts diplomatiques s'accéléraient avec des entretiens du négociateur israélien Amos Gilad en Egypte, les visites de M. Ban et du chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier et la tenue d'un sommet des monarchies du Golfe à Ryad.

M. Gilad a discuté dans l'après-midi avec le chef des services de renseignements égyptiens, le général Omar Souleimane, d'un plan égyptien de cessez-le-feu. Il doit rendre compte des ses entretiens dans la soirée à MM. Olmert et Barak et la chef de la diplomatie Tzipi Livni.

L'Egypte, qui joue les intermédiaires entre Israël et le Hamas, a affirmé avoir obtenu l'aval du mouvement islamiste à son plan, ce que ce dernier n'a pas confirmé.

L'Assemblée générale de l'ONU doit tenir une réunion d'urgence dans la journée pour appeler au respect de la résolution 1860 du Conseil de sécurité demandant un cessez-le-feu immédiat à Gaza et restée lettre morte.

La situation humanitaire dans le territoire palestinien surpeuplé et pauvre devient «dramatique», ont par ailleurs affirmé les agences, alors que les habitants fuyant les raids n'ont pas d'endroit où se réfugier.

Un million d'habitants vivent sans électricité, 750.000 sont sans eau et les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs de secours, selon l'ONU.

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