La bande de Gaza connaissait lundi une deuxième nuit de calme à la faveur du cessez-le-feu décrété séparément par Israël puis le Hamas, alors que l'armée israélienne a entamé un retrait «progressif» du territoire palestinien ravagé par 22 jours d'une offensive meurtrière.

Dimanche, quelque heures après l'instauration d'un cessez-le-feu unilatéral par l'Etat hébreu, le mouvement islamiste Hamas a à son tour annoncé, de Damas, une cessation des hostilités, donnant une semaine à Israël pour quitter entièrement la bande de Gaza.

Aucun combat ni bombardement n'a eu lieu ensuite et la nuit de dimanche à lundi était calme dans le territoire, où plus de 1 300 palestiniens ont perdu la vie en trois semaines de conflit.

Tôt dans la matinée de dimanche, des accrochages avaient encore eu lieu, après des tirs de roquettes palestiniennes contre le sud d'Israël.

Au total une vingtaine de projectiles ont été tirés par le Hamas, et deux Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne.

Les Palestiniens ont remporté «une grande victoire» contre Israël, a déclaré dimanche soir le chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh.

«L'ennemi n'est parvenu à atteindre aucun de ses objectifs», a-t-il assuré lors d'une allocution télévisée, expliquant que la décision de cesser le feu prouvait «que la résistance était bonne et responsable» et oeuvrait «dans l'intérêt» du peuple palestinien.

Peu de temps auparavant, un porte-parole militaire israélien avait confirmé à l'AFP «un retrait progressif de l'armée de la bande de Gaza».

Israël veut «sortir de la bande de Gaza le plus vite possible, dès que la sécurité du sud du pays sera assurée», a pour sa part souligné le Premier ministre Ehud Olmert qui, la veille, avait assuré qu'Israël avait atteint tous ses objectifs «et même au-delà».

«Nous ne sommes pas venus pour conquérir Gaza, contrôler Gaza, nous ne voulons pas rester à Gaza», a-t-il insisté.

Les chars ont quitté leur principale position dans l'ancienne colonie de Netzarim, au sud de Gaza-ville, ouvrant pour la première fois depuis le 3 janvier la route entre le sud et le nord du territoire, selon des témoins.

Les troupes ont également quitté des positions autour de Jabaliya et Beit Lahya (nord).

Les chars se sont toutefois redéployés aux frontières, côté palestinien, conformément aux annonces d'Israël, qui a décidé de maintenir une partie de ses unités afin de faire face à d'éventuelles attaques palestiniennes.

Le porte-parole de l'armée, le général Avi Benayahou, a également fait état de limitations dans les règles d'engagement des soldats, qui sont «beaucoup plus strictes» afin d'éviter de nouvelles pertes civiles palestiniennes.

Le redéploiement de l'armée est intervenu après des annonces séparées, par Israël et le Hamas, d'un cessez-le-feu.

Un cessez-le-feu unilatéral israélien est entré en vigueur dimanche à minuit GMT. A la mi-journée, le Hamas a annoncé une cessation des hostilités.

«Nous, les mouvements de la résistance palestinienne, annonçons un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et demandons que les forces de l'ennemi s'en retirent d'ici une semaine», a déclaré à Damas Moussa Abou Marzouk, le numéro deux du bureau politique du Hamas.

Il a également appelé Israël à ouvrir «les points de passage pour laisser entrer les aides humanitaires et les produits de (première) nécessité».

Les services de secours palestiniens ont sillonné toute la journée les ruines de Beit Lahya et Jabaliya, découvrant une centaine de corps qui n'avaient pu être récupérés en raison des combats, selon le chef des urgences Mouawiya Hassanein.

Le calme a permis aux Palestiniens de quitter leur maison, s'aventurant dans les rues pour juger de l'ampleur, immense, des dégâts.

«Il n'y a plus de maison ici. C'était chez moi», s'est lamenté Yahya Karim, devant les ruines de son domicile du quartier de Zeitoun.

Malgré les lourdes pertes palestiniennes, des mosquées du Hamas ont clamé la «victoire».

En trois semaines, au moins 1 300 Palestiniens ont été tués, dont 410 enfants et 108 femmes, et plus de 5 300 blessés, selon les services d'urgence de Gaza. Côté israélien, 10 militaires et trois civils sont morts.

Parallèlement, le président égyptien Hosni Moubarak a obtenu à Charm el-Cheikh (mer Rouge) le soutien de dirigeants arabes modérés et européens à son plan prévoyant la fin totale des violences dans la bande de Gaza.

Selon une source diplomatique égyptienne, Le Caire a invité Israël et les organisations palestiniennes de Gaza à tenir de nouveaux entretiens séparés au Caire jeudi. Leur réponse n'était pas connue.

Après le sommet international de dimanche, où se trouvait le président palestinien Mahmoud Abbas mais où Israël n'était pas représenté, les six dirigeants européens présents (Allemagne, France, Espagne, Italie, Royaume-Uni et République tchèque) se sont rendus en Israël pour rencontrer M. Olmert.

Ce dernier s'est félicité de leur «soutien extraordinaire pour l'Etat d'Israël et leur préoccupation pour sa sécurité», les encourageant dans leur souci de participer à la lutte contre la contrebande et le réarmement du Hamas.

Au préalable, le président français Nicolas Sarkozy avait salué la décision d'Israël de cesser le feu à Gaza, mais estimé qu'il fallait «aller plus loin» en retirant les troupes.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a lui appelé Israël à ouvrir les points de passage avec Gaza.

Aux Etats-Unis, Barack Obama a espéré que la trêve des combats à Gaza serait «durable», a déclaré son principal conseiller, David Axelrod, à l'avant-veille de l'investiture du 44e président des Etats-Unis.