Le président américain Barack Obama estime que Washington devait avoir une «stratégie de sortie» en Afghanistan même si la Maison Blanche s'apprête à révéler un plan prévoyant d'étendre les efforts militaires, diplomatiques et économiques face à l'insurrection.

La nouvelle stratégie américaine, attendue dans les prochains jours, inclura d'importants renforts civils, une formation accrue de l'armée afghane, un dialogue avec les insurgés et une aide renforcée au Pakistan.

Le président, qui a fait du front afghan une priorité internationale, a déjà promis d'y envoyer 17 000 soldats supplémentaires, alors que les violences des insurgés y ont redoublé d'intensité depuis deux ans malgré la présence de plus de 75 000 soldats étrangers.

Interrogé dimanche dans l'émission 60 Minutes sur la chaîne de télévision américaine CBS, M. Obama a confié que cette décision avait été la plus difficile à prendre depuis son arrivée à la Maison Blanche.

«Je pense que c'est la bonne chose à faire», a-t-il dit. «Mais nous ne pouvons pas penser qu'une approche purement militaire en Afghanistan va résoudre tous nos problèmes», en laissant entendre qu'il fallait créer les conditions d'un désengagement d'Afghanistan, où la guerre dure déjà depuis sept ans.

«Ce que nous cherchons à avoir, c'est une stratégie globale. Et il doit y avoir une stratégie de sortie. On doit donner le sentiment que ce n'est pas un glissement perpétuel», a-t-il souligné.

La «priorité numéro un» est de «s'assurer qu'Al-Qaïda ne peut pas attaquer le territoire américain, les intérêts américains et nos alliés», a-t-il affirmé.

«Au service de cette priorité», il va falloir «renforcer les capacités économiques de l'Afghanistan», «renforcer nos efforts diplomatiques vis-à-vis du Pakistan», et «avoir une approche plus régionale» du problème afghan, incluant l'Inde ou l'Iran, a-t-il jugé.

Les Etats-Unis entendent déployer des centaines de civils pour stimuler le développement économique et politique au niveau local, alors que le gouvernement de Kaboul est jugé miné par une corruption chronique et incapable de répondre aux besoins élémentaires de la population.

Egalement au programme, le net renforcement des effectifs des forces afghanes, jusqu'à 400 000 hommes selon les médias américains, dans l'espoir de charger à terme Kaboul de sa propre sécurité nationale.

«Il faut élaborer des programmes qui améliorent la capacité du gouvernement afghan à se défendre», a confirmé samedi à Bruxelles le représentant spécial des Etats-Unis pour l'Afghanistan Richard Holbrooke.

L'administration Obama dit en outre envisager un dialogue avec les moins extrémistes des talibans, en s'inspirant du succès de la stratégie américaine en Irak consistant à négocier avec les insurgés sunnites et les éloigner d'Al-Qaïda.

La Maison Blanche a par ailleurs intégré pleinement dans son nouveau plan le Pakistan voisin, jugé facteur à part entière du problème afghan.

Selon Washington, les zones tribales pakistanaises limitrophes du territoire afghan servent de base arrière aux talibans et à Al-Qaïda pour lancer des attaques contre les forces étrangères en Afghanistan.

Les Etats-Unis, qui multiplient depuis plusieurs mois des frappes visant ces zones tribales du nord-ouest à l'aide de drones, ont parallèlement l'intention d'augmenter leur aide au Pakistan pour l'inciter à agir avec plus de fermeté contre les extrémistes à sa frontière.