Le nouveau chef de la diplomatie Avigdor Lieberman a effectué une mise au point mercredi, jour de la prise de fonctions du gouvernement Netanyahu, affirmant qu'Israël n'était pas lié par le processus d'Annapolis qui a relancé les négociations avec les Palestiniens.

«Il n'y a qu'un seul document qui nous lie et ce n'est pas la conférence d'Annapolis (...), seulement la Feuille de route», a déclaré le dirigeant d'extrême droite lors de la passation de pouvoir au ministère israélien des Affaires étrangères avec son prédécesseur, Tzipi Livni.

Les Palestiniens ont immédiatement dénoncé ces propos.

«Ce ministre constitue un obstacle à la paix. Il causera du tort à Israël en premier», a estimé auprès de l'AFP Yasser Abed Rabbo, proche collaborateur du président palestinien Mahmoud Abbas.

De son côté, Tzipi Livni, devenue la nouvelle chef de l'opposition israélienne, a jugé que le discours de M. Lieberman prouvait combien elle avait «eu raison de ne pas entrer dans la coalition» de Benjamin Netanyahu, le chef du Likoud (droite) redevenu Premier ministre.

Lancée à l'été 2003, la Feuille de route est un plan de paix élaboré par le Quartette international pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) qui prévoit la création d'un Etat palestinien au côté d'Israël.

Ce plan est largement resté lettre morte.

A Annapolis (Etats-Unis), fin 2007, le Premier ministre israélien Ehud Olmert et Mahmoud Abbas avaient convenu de relancer les négociations de paix, à l'arrêt depuis sept ans, pour parvenir à un accord sur un Etat palestinien, comme prévu par la Feuille de route.

«Nous respecterons les accords signés par les précédents gouvernements et, bien que j'aie voté contre la Feuille de route, ce document ayant été adopté par le gouvernement israélien, c'est le seul que nous respecterons», a précisé M. Lieberman.

«Nous suivrons précisément la Feuille de route, a-t-il poursuivi. Je n'accepterai pas de sauter des étapes (...). Nous exigeons en échange du respect par Israël de chaque point que les Palestiniens fassent la même chose, y compris le démantèlement des organisations terroristes et la mise en place d'un pouvoir stable.»

Lors de son investiture mardi devant le Parlement (Knesset), Benjamin Netanyahu, dont le gouvernement s'appuie surtout sur des partis de droite et d'extrême droite, avait omis de parler d'un Etat palestinien.

Embarrassée, la communauté internationale a insisté mercredi sur la nécessité pour le gouvernement israélien de reconnaître le principe d'un règlement basé sur deux Etats.

Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ont réaffirmé leur soutien à la création d'un Etat palestinien.

Le président américain Barack Obama, qui a récemment jugé «crucial» des progrès «vers une solution à deux Etats», a par ailleurs invité mercredi M. Netanyahu à le rencontrer «bientôt», lors d'une conversation téléphonique rapportée par le gouvernement israélien.

En Israël même, le président Shimon Peres a exhorté M. Netanyahu à accepter le principe d'un Etat palestinien.

Pour sa part, Mahmoud Abbas a dit ne pas se faire d'illusions.

«Benjamin Netanyahu n'a pas accepté la solution des deux Etats ou les accords déjà signés et ne veut pas arrêter la colonisation. C'est évident», a-t-il affirmé.

«Nous devons dire au monde que cet homme ne croit pas à la paix. Il faut mettre la balle dans le camp du monde entier pour qu'il fasse pression sur lui», a-t-il ajouté.