Un des principaux artisans d'une loi afghane controversée dont les détracteurs estiment qu'elle légalise le viol entre époux a dénoncé samedi des ingérences étrangères et estimé qu'elle protégeait les femmes.

Le texte a été adopté le mois dernier. Il stipule qu'un homme peut imposer des relations sexuelles à sa femme tous les quatre jours, à moins qu'elle ne soit malade ou qu'elle risque d'être blessée par la relation. «Il est essentiel que la femme se soumette au désir sexuel de l'homme», peut-on y lire. La loi encadre par ailleurs strictement les motifs pour lesquels une épouse peut sortir de chez elle seule. Ce texte, qui rappelle les mauvais souvenirs de l'oppression imposée aux femmes par les talibans, a déclenché un tollé international. Le président Hamid Karzaï a du coup demandé un rééxamen du texte, avec effet suspensif.

Cette loi a été votée pour la seule population chiite du pays, soit entre 10 et 20% des 30 millions d'Afghans.

Pour ses adversaires, elle détruit les droits durement gagnés par les femmes après la chute du régime des talibans. Les ultra-fondamentalistes interdisaient aux femmes de circuler en public sans la traditionnelle burqa les recouvrant des pieds à la tête et sous l'escorte d'un membre masculin de sa famille.

Mohammad Asif Mohseni, plus haute autorité religieuse chiite du pays et l'un des principaux auteurs du texte contesté, s'en est pris aux Occidentaux: «ils affirment qu'ils ont amené la démocratie à l'Afghanistan. Qu'est-ce que ça veut dire, la démocratie? Ca veut dire le gouvernement du peuple pour le peuple. Ils devraient laisser le peuple exercer ces droits démocratiques».

Devant la presse et entouré de ses partisans, il a produit des pages entières de centaines de signatures de femmes soutenant cette loi, qui d'après lui ne fait que reprendre des règles du Coran.

«La charia prévoit qu'une femme ne sorte pas sans la permission de son mari», a-t-il déclaré, estimant que la loi contestée était libérale, car autorisant les femmes à sortir librement dans les situations d'urgence, médicale notamment.

Et il a estimé qu'elle leur permettait également de refuser des relations sexuelles pour de nombreuses raisons autres que la maladie, jeûne, règles, enfantement, etc.

La situation des femmes en Afghanistan s'est améliorée depuis la chute des talibans. Des millions de filles vont désormais à l'école, il y a de nombreuses femmes d'affaires, et 89 députées sur 351. Mais dans un pays très conservateur, nombreux sont ceux qui pensent que les progrès peuvent très rapidement être ramenés à néant.