Une vidéo non authentifiée présentée comme montrant la mort de «Neda», une jeune Iranienne tuée samedi lors d'une manifestation à Téhéran, a déclenché une vague d'émotion sur la Toile, perceptible lundi par le déluge de messages sur le site de micro-blogs Twitter.

La vidéo mise en ligne samedi, et déjà visionnée par des centaines de milliers d'internautes, est une séquence très crue, présentée comme montrant la mort en direct d'une jeune femme, touchée par un tir alors qu'elle se trouvait avec son père dans une rue de Téhéran, au moment où se déroulait une grande manifestation contre la réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.

Sur la vidéo, que l'on peut voir sur la plate-forme YouTube mais aussi sur de nombreux sites, la jeune femme est à terre, les yeux grand ouverts. Plusieurs personnes lui appuient sur la poitrine, sans doute pour tenter de stopper l'hémorragie. Quelqu'un lui dit «Neda, n'aie pas peur», Neda n'aie pas peur», puis ses mots sont couverts par des cris. «Neda reste, Neda reste», peut-on ensuite entendre.

Ni l'identité ni le sort de la jeune femme n'ont pu être confirmés de source indépendante.

Mais d'ores et déjà, l'image de son visage ensanglanté, est devenue une icône de la contestation du régime, relayée sur Internet. Dès dimanche, sa photo a été brandie lors de manifestations dans différents pays, notamment à Istanbul ou à Los Angeles, avec pour commentaire, «This is islamic democracy» (Ceci est la démocratie islamique).

Très vite, la communauté Twitter a utilisé le prénom de Neda comme «hashtag», c'est-à-dire comme mot-clé (précédé du signe dièse). Cela permet d'effectuer une veille en temps réel sur le sujet. Au fil des minutes, les courts messages se succèdent. Un vrai déluge.

Certains évoquent un possible rassemblement en mémoire de Neda sur une place de Téhéran lundi en fin d'après-midi.

De fait, à l'heure et sur les lieux dits, un millier de manifestants d'opposition iraniens tentaient de se rassembler lundi sur la place Haft-é Tir, dans le centre de Téhéran, mais la police les dispersait aussitôt, ont dit à l'AFP des témoins sur place.

«Aujourd'hui les gens sont en deuil pour Neda. Le monde entier regarde Neda, une jeune femme pleine de vie et d'espoir. Sa voix a été réduite au silence. Nous serons désormais sa voix», écrit Cinderella777.

«Neda, le visage de la liberté», ajoute Seraphino. «Neda, ange de la liberté», peut-on lire sur le site.

«Mon dieu! La vidéo de Neda m'a quasiment fait pleurer. Je suis ému par le courage des manifestants iraniens», confie Esorius.

«Ne révélez pas le nom des opposants Iraniens sur Twitter. Ils risquent leur vie», avertit un utilisateur du site.

L'encyclopédie collaborative en ligne Wikipedia consacre déjà un long article en anglais à la jeune femme, dont le prénom signifie «voix» ou «appel» en persan. «Elle est devenue la voix de l'Iran», affirme cet article qui donne des détails (non confirmés) sur l'identité de la jeune femme et les circonstances de son décès.

La presse étrangère a interdiction de couvrir sur le terrain les manifestations en Iran et doit recourir à des témoins.

Dix personnes au moins ont été tuées et plus de 100 autres blessées à Téhéran samedi, au huitième jour de la crise, selon des médias officiels.