Les ministres des affaires étrangères du G8 ont appelé vendredi à la fin «immédiate» des violences en Iran tout en se gardant de remettre en cause le résultat de l'élection présidentielle qui a vu la victoire de l'ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad.

Dans leur déclaration, les huit pays les plus industralisés (Italie, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Etats-Unis, Canada, Japon et Russie) appelle l'Iran à «régler la crise rapidement, à travers un dialogue démocratique et des moyens pacifiques». Alors que la Russie avait mis en garde contre une condamnation trop dure, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a reconnu que tous les pays n'étaient «pas d'accord» sur l'Iran, qualifiant néanmoins de «positif» le résultat de la réunion.

Tout en insistant sur le «respect de la souveraineté» de l'Iran, le ministre italien Franco Frattini a invité Téhéran à «respecter les droits fondamentaux des personnes», en particulier «le droit d'expression», lors d'une conférence de presse conjointe avec ses homologues.

Il s'est défendu d'«interférence» avec le processus électoral tout en demandant à ce que «la lumière soit faite» sur les résultats et en assurant qu'il n'y avait aucune intention de la part de la communauté internationale de «modifier» le résultat de la présidentielle.

Le ministre russe Sergueï Lavrov s'est dit «très préoccupé» par l'emploi de la force contre les manifestants, des propos qui marquent un changement de ton sensible de la Russie, qui considérait jusqu'à présent la crise en Iran comme une affaire intérieure.

M. Lavrov s'est dit confiant dans la résolution «des problèmes (...) en conformité avec les procédures démocratiques».

M. Kouchner a plaidé pour la poursuite du dialogue avec l'Iran, en particulier sur le dossier nucléaire, notant que «ce sont quand même les mêmes gens qui sont aux commandes, et du dossier nucléaire et de la répression».

 «Les Etats-Unis sont très troublés par l'usage de la force contre des personnes innocentes qui essayaient de s'exprimer pacifiquement», a pour sa part déclaré le secrétaire d'Etat adjoint américain William Burns, qui remplace Hillary Clinton.

 «Les violences que nous avons vues au cours des dix derniers jours (...) sont déplorables», a aussi regretté le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband.

Les manifestations ont fait 20 morts, dont huit membres de la milice islamique Bassidj, selon la chaîne de télévision publique iranienne alors que d'autres médias publics avaient fait état de 17 tués, un chiffre impossible à vérifier.

L'idée que les manifestants sont «manipulés par des pouvoirs étrangers est totalement dénuée de fondement», a affirmé M. Miliband alors que deux diplomates britanniques ont été expulsés de l'Iran.

Sur le nucléaire, le G8 «appelle fermement l'Iran à coopérer avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu».

Il estime que Téhéran a «la responsabilité de restaurer la confiance dans le caractère exclusivement pacifique de ses activités nucléaires».

Sur le Proche-Orient, le G8 a apporté son soutien un gel de la colonisation dans les territoires palestiniens, un important sujet de divergence entre Washington et Jérusalem, afin de créer «un climat de confiance favorable aux négociations de paix».

Le Quartette (USA, UE, Russie et ONU) sur le Proche-Orient, réuni en marge du G8, a aussi appelé Israël à mettre un terme à la colonisation, y compris pour des raisons de «croissance naturelle».

Les ministres doivent encore discuter de la stabilisation de l'Afghanistan avant de se séparer samedi à la mi-journée.