La situation en Afghanistan est «sérieuse et se détériore», a affirmé hier l'amiral Mike Mullen, chef d'état-major de l'armée américaine, trois jours après l'élection présidentielle dans le pays.

«Je pense qu'elle est sérieuse et qu'elle se détériore, et j'ai déjà dit, au cours des deux dernières années, que l'insurrection talibane s'est renforcée et s'est raffinée», a déclaré l'amiral Mullen à la radio américaine.

La nouvelle stratégie de l'administration Obama pour l'Afghanistan se met en place au fur et à mesure que les renforts arrivent, a expliqué le chef d'état-major. «On met actuellement les choses en place sur le terrain dans le cadre de la nouvelle stratégie du président», a-t-il dit.

Environ 20 000 soldats américains étaient présents en Afghanistan il y a trois ans. Ce chiffre a aujourd'hui triplé et devrait atteindre 68 000 d'ici la fin de l'année, lorsque les 17 000 soldats supplémentaires ordonnés par Barack Obama seront déployées.

Le général Stanley McChrystal, commandant des forces américaines en Afghanistan, doit remettre d'ici deux semaines son rapport sur la situation dans le pays. Washington décidera alors d'un éventuel renforcement de son contingent.  Il a estimé que l'armée américaine se devait d'inverser la situation d'ici 12 à 18 mois, mais il n'a pas précisé si de nouveaux envois de troupes étaient à l'ordre du jour.Parallèlement, l'ampleur des accusations de fraude qui pèsent sur les élections présidentielle et provinciales de jeudi en Afghanistan est telle qu'elle pourrait déterminer l'issue des scrutins, a estimé la Commission des plaintes électorales (ECC) hier.

Cette commission indépendante a reçu 225 plaintes depuis l'ouverture des bureaux de vote jeudi, dont 35 «essentielles pour les résultats des élections», selon le président de l'ECC, le Canadien Grant Kippen. Ces 35 plaintes prioritaires portent principalement sur des bourrages d'urnes, a-t-il précisé, soulignant que la commission n'a encore reçu que les contestations soumises à Kaboul et dans les capitales provinciales.

Abdullah Abdullah, le principal rival du président sortant Hamid Karzaï, a accusé celui-ci d'essayer de truquer le résultat de l'élection présidentielle.

«Il y a des irrégularités, fraudes et tentatives de trucages massives», a déclaré l'ancien ministre des Affaires étrangères de M. Karzaï à la presse.

«La légitimité et la crédibilité de l'élection dépendront de la mesure dans laquelle nous serons capables de prévenir cet important truquage, qui est en cours et est conduit par le président sortant et son équipe», a-t-il insisté.

Les irrégularités concerneraient des zones où la participation a été très faible, en général au sud et au sud-est, a-t-il précisé, disant se fonder sur les rapports de ses observateurs sur le terrain.

Faible participation féminine

Les observateurs ont par ailleurs constaté que les femmes ont très peu voté, leur participation frôlant le zéro dans certaines régions du Sud. Une organisation afghane, la Free and Fair Foundation of Afghanistan, a notamment révélé que 650 bureaux de vote réservés aux femmes n'ont tout simplement pas ouvert.

Pour la mission d'observation de l'Union européenne, «l'insécurité», «l'opposition culturelle à la participation des femmes à la vie publique» et «un certain nombre d'attaques» les visant clairement ont freiné la participation féminine aux élections, «en tant que candidates, électrices et organisatrices».

Les résultats préliminaires de l'élection présidentielle ne sont pas attendus avant demain, et les résultats définitifs certifiés devraient être publiés le mois prochain. Si aucun candidat n'obtient plus de 50% des suffrages, un deuxième tour sera organisé.

 

Avec AP