Un groupe de Palestiniennes a été libéré vendredi en échange d'une vidéo récente du soldat israélien Gilad Shalit, détenu à Gaza depuis 2006, première étape d'un long processus qui pourrait conduire éventuellement à la libération du jeune otage.

Les 19 femmes, qui devaient sortir prochainement de prison, ont été relâchées après que les autorités militaires israéliennes ont visionné et authentifié la vidéo de Gilad Shalit. Sur la vidéo, le soldat de 23 ans, qui est aux mains du mouvement islamiste Hamas, apparaît en bonne santé et parle de façon cohérente, selon les médias israéliens. Il tient un journal palestinien daté du 14 septembre.

Le film, qui dure plus de deux minutes selon une chaîne de TV israélienne, a été envoyé au premier ministre Benjamin Netanyahu. Il a été remis à la famille Shalit qui n'a pas l'intention de «réagir à ce stade».

Les autorités israéliennes devraient autoriser sa diffusion, selon les médias, sans donner de date.

Avant de donner le feu vert à la libération des détenues palestiniennes, les Israéliens voulaient vérifier que la vidéo avait été filmée récemment et que Shalit y était clairement identifié.

Les ex-prisonnières ont été accueillies dans la liesse par leurs familles.

«Je suis très, très heureuse, mais triste en même temps d'avoir laissé mes camarades en prison. J'espère qu'elles seront finalement libérées», a déclaré à l'AFP une des femmes, Qiffah Afanah.

«Notre libération en échange d'une seule minute de vidéo de Gilad Shalit est une grande victoire», s'est-elle félicitée, la voix entrecoupée de sanglots, en embrassant son père.

Quatre d'entre elles appartiennent au mouvement islamiste Hamas, cinq au Fatah (le parti du président Mahmoud Abbas), trois au Jihad islamique et une au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Sept n'ont aucune affiliation. Une autre Palestinienne sera relâchée la semaine prochaine.

L'Autorité palestinienne à Ramallah (Cisjordanie) aussi bien que le Hamas à Gaza, ont présenté leur libération comme une «victoire».

«C'est un jour de victoire pour (...) la résistance palestinienne», a déclaré le chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh.

Côté israélien, Gilad Shalit, détenu depuis plus de trois ans, est devenu un symbole et un test de l'engagement de l'État hébreu envers ses soldats tombés en captivité.

Sa détention continue de susciter une énorme émotion populaire et une intense couverture médiatique en Israël, où une campagne de soutien est très active. Son visage est partout affiché.

La décision du gouvernement israélien de remettre en liberté une vingtaine de Palestiniennes en échange d'une vidéo prouvant que le jeune homme est vivant constitue une percée depuis son enlèvement.

C'est la première fois qu'Israël et le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, parviennent à un accord tangible dans cette affaire, grâce à la médiation de l'Allemagne et de l'Égypte.

Toutefois, cet accord limité n'augure en rien d'une libération prochaine du soldat israélien, le Hamas exigeant en échange la libération de plusieurs centaines de détenus palestiniens.

Gilad Shalit, qui a aussi la nationalité française, a été enlevé le 25 juin 2006 lors d'une opération menée par un commando palestinien dans le sud d'Israël, à la lisière de la bande de Gaza.

Dans un communiqué, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a appelé à «libérer immédiatement» Gilad Shalit, après la communication au gouvernement israélien d'une vidéo qui constitue une «preuve de vie» du soldat franco-israélien.