Mais où est donc passé Richard Holbrooke? La question court le petit monde médiatique de Washington, qui s'étonne du silence de l'émissaire américain pour l'Afghanistan et le Pakistan au moment où ces deux pays sont, plus que jamais, sous les projecteurs.

Le prestigieux ambassadeur, recruté par le président Barack Obama aux premières heures de son mandat, n'est pas intervenu publiquement depuis des semaines, mais c'est ces derniers jours que son absence des médias a été remarquée.

L'imbroglio électoral afghan s'est dénoué, après deux mois éprouvants. L'armée pakistanaise a lancé une offensive massive et pleine d'inconnues contre les combattants islamistes dans la province du Waziristan. Et Richard Holbrooke se tait.

Selon des sources diplomatiques répondant anonymement au blog spécialisé Nukes and Spooks, l'émissaire aurait été prié par la Maison Blanche de se mettre en retrait dans la négociation engagée par les puissances occidentales avec le président afghan sortant Hamid Karzaï dans le but de convaincre ce dernier d'accepter un second tour de scrutin présidentiel.

Le représentant du président Obama avait interrogé M. Karzaï le 21 août sur les allégations de fraude électorale au premier tour, organisé quatre jours auparavant. Il s'était ensuivi un dialogue «musclé» entre les deux hommes, avait admis à l'époque un responsable américain.

Selon le Wall Street Journal mercredi, M. Karzaï voulait négocier avec le sénateur John Kerry de préférence à M. Holbrooke, avec lequel sa relation personnelle serait devenue délicate.

Le New York Times relève aussi dans un éditorial le silence de Richard Holbrooke, malgré le «fortin» que l'envoyé spécial s'est bâti au département d'Etat, le siège de la diplomatie américaine.

Enfin, le Washington Times émet l'hypothèse que l'émissaire pourrait payer une anticipation insuffisante d'une polémique survenue au Pakistan ces derniers jours à propos des modalités d'attribution d'une aide américaine de 7,5 milliards de dollars.

«L'idée selon laquelle il a disparu est tout simplement fausse», s'insurge Philip Crowley, porte-parole du département d'Etat, et ces articles sont «caractéristiques du petit salon de Washington, où l'on aime jouer à qui monte et qui descend».

M. Holbrooke, poursuit le porte-parole dans un entretien à l'AFP, est de «toutes les réunions, au département d'Etat et à la Maison Blanche», consacrées depuis des semaines à la révision de la stratégie afghane du président Obama.

«Richard et son équipe font de longues heures de travail, y compris les week-ends», insiste M. Crowley: «Ils occupent un rôle central dans ce processus».

La diète médiatique observée par M. Holbrooke n'a rien d'étonnant, assure le porte-parole: «Assurons-nous d'abord que nous avons la bonne approche pour mettre en oeuvre la stratégie du président. Ensuite, nous serons heureux d'en parler».