Les ministres de la Défense de l'OTAN ont entériné vendredi une «approche» nouvelle de la guerre contre-insurrectionnelle livrée en Afghanistan aux talibans et à Al-Qaeda, qui a tout d'une «stratégie de sortie» pour les forces internationales.

Alors que leurs troupes essuient des pertes record, -plus de 400 morts depuis le début 2009-, les 28 pays alliés admettent ainsi qu'il leur faut changer de méthode sous peine d'essuyer un échec.

Ils ne se sont en revanche pas engagés pour l'instant à envoyer de nouveaux renforts que le promoteur de ce changement lui-même, le commandant en chef de la force internationale (Isaf), le général Stanley McChrystal, juge indispensables.

L'officier américain, qui assistait à Bratislava à la réunion ministérielle où le rapport qu'il a transmis fin août aux alliés tenait la vedette, a fait deux recommandations pour redresser la situation: la protection des civils doit désormais primer sur la chasse aux talibans, et la priorité doit être donnée à la formation d'une armée et d'une police afghanes capables de prendre le relais.

Ainsi, les troupes étrangères ne risqueront plus d'être perçues comme une force d'occupation par les Afghans. Et en Occident, l'opinion publique ne s'interrogera plus comme elle le faisait de plus en plus, selon les sondages, sur le bien fondé d'une intervention internationale dont l'issue était tout sauf évidente.

«Beaucoup d'alliés ont parlé en bien de l'évaluation faite» dans son rapport «par le général McChrystal», a affirmé le secrétaire américain à la Défense Robert Gates.

«Il y a un large soutien de tous les ministres à cette approche de la  contre-insurrection», a confirmé le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen.

«Les ministres admettent que traquer et tuer les talibans cela ne règle pas le problème de l'Afghanistan», a-t-il souligné.

Selon lui, les ministres ont convenu que «le seul moyen d'empêcher que l'Afghanistan ne redevienne un refuge pour les terroristes, c'est de rendre ce pays assez fort» pour leur résister.

À cette fin, l'Isaf devra «commencer à transférer dès que possible» les responsabilités militaires aux troupes afghanes au terme d'une période de transition, district après district, province après province.

Mais «un bon plan ne suffit pas», a souligné M. Rasmussen, «il faut aussi des ressources, du personnel et de l'argent».

Il faut notamment «plus d'instructeurs pour soutenir les forces afghanes», a-t-il poursuivi.

Le secrétaire général de l'OTAN a souligné cependant que les ministres «n'avaient pas discuté des suites à donner en termes de ressources militaires à ces recommandations» du général McChrystal.

Certes, a noté M. Gates, «un certain nombre d'alliés ont indiqué qu'ils réfléchissaient ou s'apprêtaient à un renforcement de leurs contributions militaires ou civiles, ou des deux, et j'ai trouvé cela très réconfortant».

Aller plus loin aurait néanmoins été difficile car les États-Unis eux-mêmes n'ont pas tranché sur ce point.

Le général McChrystal demanderait de 10.000 à 40.000 soldats américains supplémentaires pour assurer le succès de sa nouvelle stratégie, alors que le total des forces internationales dépasse déjà les 100.000.

M. Gates a indiqué qu'il soumettrait «probablement dans les deux à trois semaines» ses recommandations au président Barack Obama pour qu'il puisse prendre une décision.

D'autre part, le second tour de la présidentielle afghane doit se tenir le 7 novembre et la légitimité de l'action internationale en Afghanistan en dépend.

Les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN, les 3 et 4 décembre prochains à Bruxelles, auront l'occasion de revenir sur le sujet des renforts.

Entre temps, l'OTAN aura examiné comment préparer le lancement de cette étape dite de transition vers l'«afghanisation» de la guerre, appelée la «phase 4 de l'Isaf», dans le jargon des alliés.