Mahmoud Abbas a annoncé jeudi qu'il ne se représenterait pas à la tête de l'Autorité palestinienne en janvier prochain, manifestant sa frustration devant le blocage du processus de paix, a-t-on appris auprès de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP).

«Le président Abbas a dit au comité exécutif de l'OLP qu'il ne se présenterait pas à la prochaine élection présidentielle», a affirmé le secrétaire général du comité exécutif de l'OLP Yasser Abed Rabbo, en ajoutant que le comité avait «rejeté sa décision à l'unanimité».

Les dirigeants de l'OLP ont fait savoir qu'ils le soutenaient toujours comme leur candidat à la présidentielle du 24 janvier 2010, a ajouté M. Abed Rabbo. Le scrutin présidentiel doit se dérouler en même temps que les législatives.

Le président Abbas, âgé de 73 ans, doit s'exprimer lui-même sur le sujet à la télévision palestinienne dans la soirée.

Sa décision survient au moment où le processus de paix au Proche-Orient est complètement bloqué, les États-Unis ayant échoué à convaincre les Israéliens de geler totalement la colonisation dans les Territoires palestiniens.

L'Autorité palestinienne réclame un arrêt de la colonisation israélienne, y compris à Jérusalem-Est (annexée par Israël en juin 1967) avant de reprendre les négociations de paix.

Le contentieux de la colonisation constitue la principale pierre d'achoppement à la reprise des discussions israélo-palestiniennes, bloquées depuis près d'un an.

«Le président Abbas a dit plus d'une fois qu'il ne veut pas être un candidat (à la présidentielle) en raison de son sentiment de grande frustration devant la position américaine sur le processus de paix», a expliqué un dirigeant du Fatah (le parti de M. Abbas), Nabil Chaath.

Le week-end dernier, lors d'une visite à Jérusalem, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a exprimé son soutien à la position du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui veut une reprise des pourparlers sans pré-condition et ne propose qu'un gel partiel de la colonisation.

Même si Mme Clinton a fait marche arrière depuis, ses propos à Jérusalem ont suscité une immense surprise et de l'incompréhension, sinon de la colère, dans le camp palestinien.

«Les Américains ont abandonné leurs obligations», a déploré Nabil Chaath, soulignant que les Palestiniens avaient de leur côté respecté tous les engagements envers la communauté internationale depuis l'adoption de la Feuille de route en 2003.

La Feuille de route, adoptée par le Quartette pour le Proche-Orient (UE, États-Unis, Russie et ONU), prône notamment la coexistence au Proche-Orient de deux États, Israël et la Palestine, la fin des violences et de la colonisation juive.

Le geste fort de M. Abbas intervient aussi alors que le camp palestinien est profondément divisé, le Fatah et le mouvement islamiste Hamas (qui contrôle la bande de Gaza) étant incapables de se réconcilier en dépit d'une médiation de l'Égypte.

Le Hamas s'est abstenu de commenter «une décision interne du Fatah» mais il a fait porter la responsabilité de la décision de M. Abbas sur les États-Unis et Israël.

«Nous interprétons cette initiative (de M. Abbas) comme un message de désaveu envers ses amis israéliens et américains après qu'ils l'ont ignoré et instrumentalisé», a déclaré à l'AFP un porte-parole du Hamas.

Les deux principaux mouvements palestiniens sont à couteaux tirés depuis la violente prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, en juin 2007, au détriment du Fatah, après 18 mois de coexistence houleuse au pouvoir.