Les élections législatives irakiennes, prévues en janvier, pourraient être compromises après la menace du Conseil présidentiel irakien de ne pas ratifier la loi électorale sans une meilleure représentation des minorités et des Irakiens de l'étranger.

«Nous demandons de relever le taux de 5 à 15% de sièges» attribués aux minorités et aux Irakiens vivant à l'étranger, a affirmé lundi à l'AFP le chef de l'État kurde, Jalal Talabani, avant de partir pour Paris.

Cette prise de position est intervenue au lendemain de la demande du Parlement kurde à M. Talabani de ne pas ratifier la loi.

«Nous lui avons demandé dans une lettre de ne pas ratifier la loi car le taux de sièges (aux minorités et aux Irakiens de l'étranger) n'est pas correct et nous demandons au Parlement irakien de réviser la loi «, avait déclaré dimanche soir aux députés le président du Parlement kurde Kamal Kirkouki.

Le vice-président sunnite Tarek al-Hachemi a prévenu qu'il opposerait son «veto» à la loi si les députés ne modifiaient pas ce taux.

Une des responsables de la Commission électorale, Hamdiya al-Husseini, a indiqué à l'AFP que si les discussions sur la loi devaient se prolonger, la date des élections, prévues pour fin janvier, serait repoussée. «Si la loi est modifiée, cela affectera la date du scrutin», a-t-elle dit.

Le 8 novembre, les députés avaient accordé seulement 5%, soit 16 sièges, aux minorités, aux Irakiens de l'étranger et aux partis n'ayant pas réussi à obtenir suffisamment de votes au niveau régional mais dont le nombre cumulé de voix à l'échelle nationale est assez important pour qu'ils soient représentés.

Le Conseil présidentiel, composé du chef de l'État -kurde- et de ses deux vice-présidents -sunnite et chiite-, demande de revenir à un taux de 15% accordé lors des premières élections législatives de décembre 2005.

Le nombre de sièges qui était de 275 a été porté à 323 dans le nouveau Parlement pour tenir compte de la poussée démographique.

«Si nous voulons une véritable réconciliation nationale, il faut accorder une vraie représentation aux Irakiens qui vivent en exil. Beaucoup ont quitté le pays après 2003 et les conflits confessionnels», a affirmé à l'AFP le conseiller de M. Hachémi, Saifaldin Abdul Rahman.

Lors du vote, il y a près de deux semaines, le député sunnite Saleh Moutlaq avait qualifié de «scandaleuse» la décision de réduire le nombre de sièges compensatoires.

Les listes sunnites ainsi que le Mouvement national irakien conduit par deux anciens baassistes, l'ex-premier ministre Iyad Allaoui et Saleh Moutlaq, considèrent que la majorité des exilés ont fui le pays après la prise de pouvoir par les chiites et le bannissement des anciens partisans de Saddam Hussein, dans la foulée de l'invasion conduite par les États-Unis.

Avec un million et demi de votes de l'étranger, ils comptent sur ce réservoir de voix pour améliorer leur représentation.

Quant aux Kurdes, ils misent sur les minorités religieuses et ethniques, dont une grande partie réside sur leur territoire dans le nord du pays, pour également accroître leur influence au Parlement.

Selon la Constitution, une loi pour entrer en vigueur doit être ratifiée par le Conseil Présidentiel, qui prend ses décisions par consensus. Il a le droit d'opposer deux refus. La troisième fois, le Parlement peut passer outre si la loi est approuvée par trois cinquièmes des députés.

Le président du Parlement sunnite Iyad al-Samaraï a informé les 70 députés présents lundi de la requête de M. Hachémi mais aucune décision n'a été prise et la question n'a pas été pour le moment inscrite à l'ordre du jour, a affirmé une source parlementaire.