Le ministère britannique de la Défense a démenti mardi avoir recommandé à ses soldats d'«acheter» les Afghans tentés d'être recrutés par les talibans dans un nouveau manuel d'instructions militaires, comme l'écrit le Times.

«Toute idée d'«acheter» les talibans est complètement fausse», a souligné un porte-parole du ministère, réagissant à l'article du quotidien britannique.

«La doctrine fournit des instructions sur l'importance de financer des projets qui ont rapidement un impact, et qui fournissent des résultats rapides pour gagner la confiance des populations locales», a relevé le porte-parole.

«Cela peut être fait en finançant des projets de reconstruction et de développement qui satisfont leurs besoins immédiats et en aucune façon de payer les insurgés pour obtenir leur obéissance», a précisé le ministère.

Selon le Times, le manuel recommande aux responsables militaires britanniques de fournir assez d'argent aux Afghans pour les dissuader de rejoindre les talibans, qui payent leurs nouvelles recrues locales 10 dollars par jour.

«Les meilleures armes pour contrer les insurgés c'est de ne pas tirer. En d'autres mots, d'utiliser des sacs d'or à court terme pour changer la dynamique de la sécurité. Mais il ne faut pas simplement agiter l'or devant eux, il faut le faire avec prudence», a affirmé le général de division Paul Newton au quotidien à l'occasion du lancement de ce manuel, lundi à Londres.

Le manuel précise que l'argent peut être une réponse s'il est distribué avec prudence. «Bien dépensé, dans un plan à long terme, l'argent est un moyen d'empêcher la communauté d'apporter un soutien aux insurgés et permet aux militaires d'économiser un recours à la force», précise-t-il selon des extraits publiés par le Times.

Ce manuel, qui révise les directives écrites données à l'armée britannique en Afghanistan, souligne l'importance de parler à l'ennemi, quel qu'il soit.

«Il n'y a pas d'intérêt à parler aux gens qui n'ont pas de sang sur les mains», a précisé le général Newton.

Ce document est publié au moment où le premier ministre Gordon Brown est contraint de justifier la présence militaire britannique en Afghanistan face à une opinion publique qui a de plus en plus de doutes.

Le premier ministre a proposé lundi d'organiser en janvier à Londres une conférence internationale destinée à établir la stratégie à venir dans ce pays et notamment un retrait progressif des Occidentaux.

Le Times note également que les commandants britanniques se sont plaints de disposer de beaucoup moins de liquidités que leurs partenaires américains dans les opérations militaires récentes.

Le Times avait rapporté en octobre que les services secrets italiens avaient versé des dizaines de milliers de dollars aux commandants talibans et à des chefs de guerre locaux pour maintenir en paix la région de Saroubi, des informations fermement démenties par l'Italie ainsi que par la France qui a pris la responsabilité de cette région.