L'Iran a de nouveau soufflé le chaud et le froid lundi dans le dossier nucléaire, le chef de la diplomatie iranienne s'en prenant violemment à l'AIEA alors que le président du Parlement évoquait la possibilité d'une solution diplomatique.

La résolution de l'Agence internationale de l'énergie atomique est «un acte de tyrannie» et relève de «la loi de la jungle», a estimé le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki. L'AIEA a adopté vendredi une résolution condamnant l'Iran et lui demandant de fermer son nouveau centre d'enrichissement d'uranium de Fordo, à une centaine de km au sud de Téhéran, dont l'existence a été révélée en septembre.

«De telles mesures sapent les fondements du Conseil de sécurité des Nations unies et de l'AIEA», a jugé M. Mottaki, réaffirmant que l'Iran ne renoncerait jamais à ses droits «légitimes» dans le domaine de la technologie nucléaire civile.

«Nous ne pouvons pas accepter la discrimination dans les relations internationales. Soit il y a des droits soit il n'y en a pas», a-t-il poursuivi en affirmant que l'Iran avait le droit d'enrichir l'uranium conformément au Traité de non prolifération (TNP).

Auparavant, le président du Parlement Ali Larijani, pourtant connu pour ses déclarations au vitriol contre les Occidentaux, avait estimé qu'une solution diplomatique était encore possible, bien que le gouvernement ait annoncé la veille sa volonté de construire dix nouveaux centres d'enrichissement d'uranium en réponse à la résolution de l'AIEA.

«Nous pensons que la voie diplomatique au niveau international n'est pas définitivement épuisée», a déclaré M. Larijani en exhortant les Occidentaux à accepter le programme nucléaire iranien.

«Une des options serait qu'ils acceptent que l'Iran développe sa technologie nucléaire sous la supervision de l'AIEA. S'ils ne l'acceptent pas, l'Iran devrait alors protéger ses capacités nucléaires», a ajouté M. Larijani.

La résolution de l'AIEA fait suite au rejet par l'Iran d'une offre visant à échanger son uranium faiblement enrichi (3,5%) contre du combustible nucléaire (uranium enrichi à 20%) pour son réacteur de recherche médical de Téhéran.

L'uranium iranien aurait été envoyé en Russie puis en France avant de revenir sous forme de combustible. Mais l'Iran veut plus de garanties et a demandé un échange simultané sur son territoire, ce que l'AIEA a refusé.

Le président Mahmoud Ahmadinejad a annoncé dimanche que l'Iran allait construire dix nouvelles usines d'enrichissement d'uranium et produire de l'uranium enrichi à 20% pour son réacteur de recherche de Téhéran.

Le durcissement iranien a entraîné de vives réactions dans les capitales occidentales.

Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a jugé «très dangereux» que l'Iran «s'entête à ignorer les demandes» de l'AIEA, tandis que le porte-parole du premier ministre britannique Gordon Brown a affirmé que des sanctions pourraient être envisagées.

De même, le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a averti que «si l'Iran rejette la main tendue, il doit s'attendre à des sanctions plus lourdes».

Allié traditionnel de l'Iran, la Russie, qui a pourtant voté la résolution de l'AIEA, a affirmé lundi, par la voix de son ministre de l'Energie Sergueï Chmatko en visite à Téhéran, qu'elle voulait éviter «l'escalade» et avait «un bon espoir que les négociations se poursuivront» entre Téhéran et les grandes puissances.

Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir développer un programme nucléaire militaire, contrairement à ses obligations internationales, alors que Téhéran assure que ses activités n'ont qu'un objectif civil.