La situation des droits de l'Homme en Iran n'a jamais été aussi mauvaise en 20 ans, affirme l'organisation Amnesty International dans un rapport diffusé jeudi sur la répression policière des manifestations post-électorales.

«Les violations des droits de l'Homme en Iran sont plus graves qu'elles ne l'ont jamais été en 20 ans», peut-on lire dans le rapport. Amnesty dit être en possession d'exemples détaillés de «violations avant, pendant et surtout après l'élection de juin, quand les autorités ont déployé les milices Bassidj et les Gardiens de la révolution pour écraser les manifestations de masse contre les résultats contestés (du scrutin)».

L'organisation basée à Londres exhorte les autorités iraniennes à ouvrir une enquête sur toutes les accusations de mauvais traitements en détention et de poursuivre les agents qui s'y seraient livrés.

«Les dirigeants iraniens doivent s'assurer que des enquêtes sont ouvertes sur les nombreux actes présumés de torture, et notamment les viols, meurtres extra-judiciaires et autres violations», a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe des programmes d'Amnesty au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

«Les miliciens et responsables de violations doivent être poursuivis au plus vite, et personne ne doit être exécuté.»

Des dizaines de personnes ont péri et au moins 4 000 ont été interpellées en juin lors de manifestations consécutives à l'annonce de la réélection du président iranien Mahmoud Ahmadinejad.

Environ 140 personnes, y compris des responsables réformateurs et des journalistes, ont été renvoyées devant la justice dans ce que l'opposition a qualifié de mascarade. Au moins cinq peines capitales ont été prononcées.

Dans son rapport, Amnesty cite notamment le cas d'un détenu de la prison de Kahrizak qui dit avoir été enfermé pendant 58 jours dans un conteneur. Il lui a fallu attendre le 43e jour pour avoir le droit de contacter sa famille.

«On lui a dit pendant ses interrogatoires que son fils avait été arrêté et que ce dernier serait violé si lui n'avouait pas. Il a été battu jusqu'à en tomber inconscient», peut-on lire dans le rapport

«Il a dit qu'ils étaient plus de 70 dans son conteneur.»

Le guide suprême, Ali Khamenei, a ordonné en juillet la fermeture du centre de Kahrizak, estimant qu'il ne respectait pas les normes élémentaires. Mais les autorités ont rejeté les accusations de l'opposition selon lesquelles certains détenus y auraient été battus à mort.

Amnesty exhorte l'ayatollah Khamenei à permettre à deux responsables de l'ONU d'aller enquêter sur les droits de l'Homme en Iran.