Les forces iraniennes se sont retirées du puits de pétrole qu'elles occupaient depuis vendredi en restant toutefois à proximité du site, a indiqué dimanche un porte-parole du gouvernement irakien exigeant qu'elles quittent le territoire.

«Les forces iraniennes se sont retirées (ndlr: dans la nuit de samedi à dimanche) de 50 mètres à l'extérieur du puits et ont enlevé leur drapeau mais nous demandons à ce qu'elles retournent d'où elles étaient venues et que s'ouvrent les discussions sur le tracé de la frontière», a déclaré Ali al-Dabbagh, le porte-parole du gouvernement.

Un haut responsable de la sécurité irakienne, qui a refusé d'être identifié, a indiqué à l'AFP que «selon les normes militaires, il ne s'agit pas d'un retrait total. Nous allons continuer à agir diplomatiquement». Il a précisé que l'armée n'avait pas publié de communiqué pour éviter «toute escalade et confrontation».

Lors d'une visite au Caire, le président du Parlement iranien Ali Larijani a estimé que la situation dans cette région disputée avait «dégénéré». «Le problème est désormais maîtrisé», a-t-il assuré, après le retrait des soldats iraniens du site.

Le chef du comité de sécurité et de défense du conseil de la province de Missane Mayssam Lafta a expliqué que désormais les Iraniens sont à 50 mètres à l'est du puits, les forces irakiennes à 500 mètres à l'ouest et les ouvriers de de la Compagnie pétrolière du sud sont à 4 km dans une station pétrolière. Il avait indiqué plus tôt que les employés se trouvaient sur le puits.

Le secteur a été déclaré «zone militaire», a-t-il ajouté.

Ce puits «numéro 4», situé à 100 mètres de la frontière irako-iranienne, se trouve sur le champ pétrolier de Fauqa qui est un des trois mis aux enchères internationales en juin qui n'avaient pas trouvé preneur. Les réserves de Fauqa sont estimées à 1,55 million de barils.

Vendredi, une dizaine de militaires et des techniciens iraniens avaient pris son contrôle. L'Iran avait reconnu samedi que ses forces se trouvaient sur le site mais rejeté les protestations de Bagdad en affirmant que le puits était en territoire iranien.

Par ailleurs, les exportations pétrolières à partir du nord de l'Irak ont cessé à la suite d'un sabotage dans la nuit de samedi à dimanche sur l'oléoduc conduisant au terminal turc de Ceyhan, à 325 km au nord de Bagdad, a affirmé le porte-parole du ministère du Pétrole Assem Jihad.

«Nous demandons à la Force multinationale de conduire plus de patrouilles afin de protéger cet oléoduc car c'est le quatrième sabotage en six semaines», a-t-il indiqué précisant que cet oléoduc transporte de 420 à 450 000 barils par jour mais cela peut atteindre 600 000 b/j.

L'Irak exporte au total 2 millions de b/j, dont les trois quarts par les terminaux du sud.

Jamais depuis l'arrivée au pouvoir à Bagdad de partis chiites, dont de nombreux dirigeants ont vécu en exil à Téhéran, les relations ne s'étaient autant envenimées qu'à la suite de l'occupation par des forces iraniennes de ce puits.

Le gouvernement irakien avait convoqué vendredi l'ambassadeur d'Iran à Bagdad pour lui dire que cette attaque était inacceptable. L'ambassadeur irakien à Téhéran avait remis une note au ministère iranien des Affaires étrangères pour demander le retrait des troupes.

«C'est la première fois que cela se produit. Avant les Iraniens essayaient d'empêcher nos techniciens de travailler sur ce puits foré par l'Irak en 1974 en tirant dans leur direction mais ils ne l'avaient jamais occupé», avait dit à l'AFP le vice-ministre irakien des Affaires étrangères Mohammad al-Hajj Hamoud.

Selon M. Hamoud, cette action intervient un mois avant le début des travaux de la commission mixte qu'il dirige du côté irakien pour délimiter la frontière terrestre et maritime dans le Chatt al-Arab avec l'Iran.