Les forces de sécurité iraniennes sont à nouveau intervenues mercredi contre des opposants au président Mahmoud Ahmadinejad, toujours contesté six mois après sa réélection malgré les efforts du pouvoir pour réduire l'opposition.

Des affrontements, qui ont fait des blessés selon l'opposition, ont éclaté à Ispahan (centre) alors que la police tentait d'empêcher le rassemblement, dans une mosquée, de partisans de l'ancien ayatollah dissident Hossein Ali Montazeri décédé samedi. Une cinquantaine de personnes auraient été arrêtées lors de ces incidents, durant lesquels la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule, qui comprenait des femmes et des enfants, selon les mêmes sources.

Ces heurts interviennent 48 heures après les funérailles du Grand ayatollah Montazeri dans la ville sainte de Qom (sud de Téhéran), en présence de dizaines de milliers personnes qui ont transformé ce rassemblement en manifestation antigouvernementale, émaillée d'incidents avec les forces de l'ordre et les miliciens du régime.

Apparemment soucieuses d'éviter toute nouvelle manifestation contre le pouvoir, les autorités avaient interdit le rassemblement d'Ispahan, selon l'opposition.

Et le chef de la police iranienne, le général Esmaïl Ahmadi Moghadam, a lancé une nouvelle mise en garde à l'oppposition. «Nous conseillons à ce mouvement (l'opposition, NDLR) de cesser ses actions, sinon la police agira avec fermeté contre les perturbateurs de l'ordre», a-t-il déclaré cité par l'agence Isna.

Le pouvoir a tenté d'empêcher par divers moyens, depuis lundi, les rassemblements à la mémoire de l'ancien dauphin de l'Imam Khomeiny devenu une figure de l'opposition au président Ahmadinejad.

Lundi soir, la famille de l'ayatollah Montazeri a dû renoncer à une cérémonie prévue dans une mosquée de Qom, occupée entre-temps par les forces de l'ordre et des miliciens. La maison de l'ancien ayatollah avait été auparavant attaquée par des miliciens. Par crainte de nouveaux troubles, la famille a aussi annulé les autres cérémonies de deuil prévues cette semaine.

Mardi, des bassidjis --la milice islamique du régime-- protégés par la police, selon l'opposition, ont attaqué les bureaux à Qom d'un religieux proche des réformateurs, le grand ayatollah Youssouf Sanei.

À la suite de ces incidents, des partisans de ces deux figures de l'opposition ont décidé de se rendre à Qom pour protéger leurs domiciles et bureaux contre de nouvelles attaques, a rapporté le site Internet d'opposition Noruznews.

Les autorités ont également multiplié les intimidations à l'égard de l'un des principaux dirigeants de l'opposition, Mir Hossein Moussavi, candidat face au président Ahmadinejad dont il conteste la réélection en juin.

Un groupe de motards en civil a attaqué la voiture de M. Moussavi lundi soir à son retour des obsèques de l'ayatollah Montazeri, blessant l'un de ses assistants. L'ancien premier ministre de Khomeiny n'a pas été atteint, mais il a été limogé mardi soir de son poste de directeur de l'institut des Arts de Téhéran.

M. Moussavi, qui reste formellement membre du Conseil de discernement, une des instances d'arbitrage de la République islamique, avait déjà été retenu plusieurs heures dans son bureau par des miliciens en civil le 8 décembre à Téhéran, après avoir reçu plusieurs avertissements des autorités lui enjoignant de prendre ses distances avec les manifestants.

La plupart de ces incidents et manifestations ont été rapportées par des sites Internet de l'opposition. Les médias étrangers présents en Iran ne sont plus autorisés à suivre les manifestations de l'opposition, et n'avaient pas eu le droit de couvrir les obsèques de l'ayatollah Montazeri.