Ambassades fermées, chasse aux terroristes d'Al-Qaeda, mesures renforcées dans les aéroports, le Yémen est désormais au centre des préoccupations sur la sécurité mondiale. Le pays est-il l'Afghanistan de demain?

«L'Irak était la guerre d'hier, et l'Afghanistan, celle d'aujourd'hui. Si nous n'agissons pas maintenant, le Yémen sera celle de demain», a confié l'été dernier un diplomate américain au sénateur indépendant Joe Lieberman.

 

Quatre mois plus tard, après qu'un Nigérian eut tenté de faire sauter un avion avec des explosifs rapportés du Yémen, le gouvernement américain a brusquement braqué son attention sur la petite république de la péninsule arabique.

Dimanche, les États-Unis et le Royaume-Uni ont décidé d'y fermer leurs ambassades. La France a fait de même hier. Quant au Canada, le consulat à Sanaa continue d'offrir des services aux Canadiens. Par contre, le Canada n'y ouvrira pas de bureau commercial comme prévu, «et ce, pour des raisons de sécurité», a dit le porte-parole du ministères des Affaires étrangères, Rodney Moore.

Selon la BBC, qui cite des médias yéménites, la fermeture des ambassades et consulats a été décrétée après que les autorités du pays eurent «perdu la trace de six camions transportant des armes».

Hier, deux membres présumés d'Al-Qaeda ont été tués et deux autres blessés dans une opération des autorités yéménites au nord de la capitale. Les autorités disent rechercher l'un des chefs d'Al-Qaeda, qui a réussi à échapper à l'attaque. Washington et Londres ont annoncé leur intention d'aider le Yémen à renforcer les capacités de ses unités antiterroristes.

Clinton hausse le ton

La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a indiqué hier que «l'instabilité au Yémen menace la stabilité régionale et même mondiale».

Elle a fait écho aux propos du premier ministre britannique, Gordon Brown, pour qui «le Yémen doit être désigné, comme la Somalie, comme l'une des zones que l'on doit non seulement surveiller mais où l'on doit faire plus», a-t-il déclaré dimanche.

En fait, précise le professeur Henry Habib, spécialiste du Moyen-Orient à l'Université Concordia, le Yémen est rongé par trois mouvements préoccupants: les séparatistes du Sud, les musulmans chiites du Nord, proches de l'Iran et ennemis de l'Arabie Saoudite, et Al-Qaeda, qui y a installé ses bases (voir autre texte).

Échec des pays arabes

«L'année 2010 s'annonce désastreuse au Moyen-Orient, observe le professeur. Il faut absolument une politique américaine beaucoup plus éclairée qu'elle ne l'a été. On va voir comment ils réagiront au Yémen. Ouvriront-ils un troisième front? Avec la possibilité d'en ouvrir un en Iran plus tard cette année?»

Les leaders mondiaux doivent s'attaquer aux problèmes de base au Moyen-Orient, insiste le professeur Habib: le conflit arabo-israélien et la situation en Irak, en Afghanistan et au Pakistan. Le constat reflète aussi «l'échec des pays arabes dans la gestion de leur administration. Malheureusement, tous les pays arabes, sauf peut-être le Liban, sont des pays autocratiques. Ils ne répondent pas aux besoins de leur peuple».

- Avec AFP et AP

 

YÉMEN

Nom officiel : République du Yémen

Capitale : Sanaa

Population: 23,8 millions (2009)

Chef d'État : Ali Abdallah Saleh

Chef du gouvernement: Ali Mohammed Mujawar

PIB réel par habitant : 1108$

Espérance de vie : 63,3 ans

Sources : CIA World Factbook, Bilan du Monde 2010