Les problèmes judiciaires de l'entreprise de sécurité américaine Blackwater ne l'empêchent pas d'avoir des projets en Afghanistan. Désormais nommée Xe Services, cette firme serait en lice pour conclure un contrat avec le Pentagone d'une valeur potentielle d'un milliard de dollars (693 millions d'euros) pour la formation de la police nationale afghane.

La compagnie a changé ses activités, se spécialisant désormais dans la formation et d'autres activités liées à l'aviation et à la logistique, depuis que plusieurs de ses agents de sécurité ont été accusés, il y a plus de deux ans, d'avoir tué en Irak des civils qui n'étaient pas armés. La fusillade avait provoqué la mort de 17 civils le 16 septembre 2007 à Bagdad.

Même avec un nouveau nom et de nouvelles activités, faire jouer un tel rôle à Xe Services serait toutefois inattendu, les démocrates ayant une opinion très négative de cette entreprise depuis cette affaire qu'on est loin d'avoir oublié à Bagdad et à Washington.

Pendant la campagne présidentielle américaine, Hillary Clinton, alors sénatrice de New York, avait apporté son soutien à une législation interdisant toute présence en Irak à Blackwater et à d'autre sociétés de sécurité privées.

Xe Services a fini par perdre sa licence pour fournir des agents de sécurité aux diplomates américains en Irak, et le Département d'État, avec Hillary Clinton à sa tête, a choisi de ne plus avoir recours aux services de l'entreprise quand son contrat est arrivé à expiration en 2009. Des retards pour faire travailler une nouvelle société sur place ont toutefois entraîné une prolongation temporaire du contrat avec le Département d'État.

La veille du Nouvel An, un juge fédéral a prononcé un non-lieu à l'encontre de cinq agents de sécurité de Blackwater impliqués dans la mort de civils irakiens, en se basant sur des erreurs de procédure répétées des procureurs fédéraux. Le gouvernement irakien souhaite toutefois toujours poursuivre Blackwater devant les tribunaux, ce qui tend un peu plus les relations entre les États-Unis et l'Irak.

Par ailleurs, mercredi, Xe Services est parvenue à un accord à l'amiable après une série de plaines au civil dans lesquelles plusieurs dizaines d'Irakiens l'accusaient de cultiver des méthodes aboutissant à la mort de civils innocents. Mais jeudi, deux anciens salariés d'une filiale de Xe Services ont été arrêtés pour meurtres après la mort l'an dernier de deux Afghans tués dans des tirs à la suite d'un accident de circulation à Kaboul.

Malgré cela, les États-Unis s'appuient fortement sur Xe en Afghanistan, et sa charge de travail dans le pays pourrait augmenter. n porte-parole de Xe, Mark Corallo n'a pas voulu confirmer si la compagnie, basée à Moyock, en Caroline du Nord, avait effectivement déposé une offre pour le contrat de formation de la police afghane. Mais d'après un responsable américain informé de l'appel d'offres, la firme est bien en lice.

Actuellement, Xe Services fournit des services de sécurité en Afghanistan, mais de manière moins importante que ce qu'elle faisait en Irak. En novembre dernier, l'entreprise disposait de plus de 200 agents de sécurité sur le terrain en Afghanistan, selon des documents détaillant les opérations de Xe Services.

Deux de ses gardes ont été tués le 30 décembre lors de l'attentat-suicide perpétré dans une base de la CIA dans le sud-est du pays, soulevant une nouvelle fois des questions sur les services que la firme fournit à la CIA. À la fin de l'année dernière, le directeur de la CIA Leon Panetta avait mis fin à l'emploi de personnels de Xe pour le chargement et d'autres activités logistiques des drones utilisés pour traquer les militants islamistes au Pakistan.

Xe est aussi un fournisseur prolixe de services d'aviation en Afghanistan. Presidential Airways, l'une de ses filiales, a transporté en avion et hélicoptères des milliers de passagers et des kilos de courrier et cargaison dans le cadre de contrats avec le Commandement des transports américain, d'une valeur potentielle de près de 870 millions de dollars (603 millions d'euros), selon une commande.