L'Arabie saoudite a affirmé mercredi avoir chassé les rebelles chiites yéménites de son territoire, après trois mois de combats, tout en disant se méfier des intentions de ces insurgés soupçonnés de liens avec l'Iran.

«Ils ne se sont pas retirés (de leur propre gré) mais ont été repoussés de force», a déclaré l'adjoint du ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Sultan, lors d'une conférence de presse à El-Khoba, dans le sud de l'Arabie saoudite, près de la frontière avec le Yémen.

«Ils n'avaient pas d'autre choix que de se retirer», a-t-il assuré.

Le prince Khaled répondait à une question sur la véracité du retrait des rebelles zaïdites d'Arabie saoudite, annoncé lundi par leur chef Abdel Malek al-Houthi.

Le responsable saoudien a fait état de la présence de «francs-tireurs» rebelles dans trois secteurs de la frontière et demandé leur retrait.

Il a mis en doute les intentions pacifiques des rebelles, dont le chef a averti lundi qu'il était prêt à «lancer une guerre ouverte à l'Arabie saoudite si elle n'arrête pas son agression» contre ses hommes.

Le prince Khaled a rappelé les différents épisodes du conflit depuis 2004 entre les rebelles et l'armée yéménite, disant que les insurgés n'avaient pas respecté «plusieurs trêves et accords» avec Sanaa.

«S'ils veulent prouver leurs bonnes intentions, ils doivent retirer les franc-tireurs», laisser l'armée yéménite se déployer à la frontière, et éclaircir le sort de six militaires saoudiens disparus, a ajouté le responsable.

Selon lui, 109 militaires saoudiens ont été tués depuis le début des affrontements entre l'Arabie saoudite et les rebelles.

À la question de savoir si ces rebelles ont le soutien de l'Iran, le prince Khaled s'est contenté de dire que d'importantes caches d'armes leur appartenant ont été découvertes et d'ajouter que cette «guerre ne pouvait pas avoir été menée par eux seuls».

Sanaa, qui a lancé le 11 août une offensive contre ces rebelles chiites zaïdites, n'a cessé de les accuser de recevoir un soutien de milieux iraniens, sans toutefois désigner ouvertement le gouvernement de Téhéran.

Des soldats saoudiens rencontrés mercredi par l'AFP dans la zone frontalière de Jebel al-Doud ont affirmé avoir vu des rebelles s'infiltrer en territoire saoudien mardi, un jour après l'annonce de leur retrait.

Le général de brigade Saïd al-Ghamedi, commandant du secteur, a déclaré que ses hommes avaient engagé «la dernière phase d'une opération visant à sécuriser» cette zone montagneuse.

«Avec la fin de cette phase, la guerre sera finie», a-t-il assuré.

«Les Houthis (autre nom des rebelles) disent qu'ils se sont retirés, ce qui n'est pas vrai. Nous les avons détruits et pulvérisés», a-t-il clamé alors que des tirs et des explosions étaient entendus dans le secteur sans qu'il ne soit possible de déterminer s'ils provenaient du coté saoudien ou yéménite de la frontière.

L'Arabie saoudite est entrée en guerre contre les rebelles zaïdites du nord du Yémen après avoir annoncé qu'ils s'étaient infiltrés sur son territoire et tué le 3 novembre l'un des ses gardes-frontières.

L'armée saoudienne s'est alors engagée dans sa plus grosse opération depuis sa participation à la guerre du Golfe de 1990-91, menée par une coalition conduite par les États-Unis, contre le régime de l'ancien président irakien Saddam Hussein après son invasion du Koweït.

Selon le prince Khaled, l'armée saoudienne a capturé lors de ses opérations 1500 personnes. Il a estimé à entre 300 et 400 le nombre de rebelles capturés et indiqué que les autres seraient des trafiquants qui avaient l'habitude de traverser la frontière pour faire commerce de différents produits.