Le 22 bahman. Cette date du calendrier iranien, qui correspond au 11 février, marque l'anniversaire de la révolution iranienne. Cette année, cependant, la journée commémorative devrait aussi être le théâtre d'un important affrontement politique. Le pouvoir iranien et l'opposition se préparent activement.

Le bras de fer entre les autorités iraniennes et le mouvement de protestation qui est né au lendemain de l'élection présidentielle du mois de juin s'est corsé, hier, alors que commençait en Iran la décade de l'Aube, un festival de 10 jours rappelant les événements qui ont mené à la chute du chah en 1979.

 

Hier, au jour 1 du festival, lors d'une cérémonie en l'honneur du 31e anniversaire du retour d'exil de l'ayatollah Khomeyni, des dignitaires du régime des ayatollahs, dont le président Mahmoud Ahmadinejad, ont profité de leur tribune pour mettre en garde ceux qui comptent manifester contre le régime islamique le 22 Bahman et pour accuser les pays occidentaux d'attiser la dissension en Iran.

«Les Iraniens disent aux tyrans qu'ils vont poursuivre de toutes leurs forces la défense de la révolution», s'est exclamé Gholam Ali Haddad Adel, un des conseillers du leader suprême de la Révolution, l'ayatollah Ali Khamenei. La foule a répondu en scandant: «À bas l'Amérique! À bas Israël!»

Montréal dans la ronde

Dans l'opposition, on s'exprime sur un ton d'expectative. À la suite des appels à la manifestation lancés par les trois principaux leaders réformistes iraniens - Mir Hossein Moussavi, Mehdi Karroubi et l'ex-président Mohammed Khatami -, les sites de réseautage social comme Twitter, centraux dans l'organisation des manifestations l'été dernier, ne dérougissent pas.

Au sein de la diaspora iranienne, autant à Berlin qu'à Montréal, des militants ont entamé un marathon de petites manifestations. «Nous ne pouvons pas attendre le 22 Bahman. Nous voulons rappeler au monde ce qui se passe en Iran», a expliqué hier Shahrzad Arshadi, Montréalaise d'origine iranienne qui a participé à un premier rassemblement hier midi avec une dizaine de personnes devant le complexe Guy-Favreau, au centre-ville de Montréal. Elle espère que les rangs des protestataires grossiront tous les jours alors que la date fatidique approchera.

Mme Arshadi s'inquiète particulièrement ces jours-ci pour les prisonniers politiques iraniens. Jeudi dernier, deux d'entre eux ont été exécutés par le régime islamique. Neuf autres sont en attente de la peine capitale. Lors de la prière du vendredi à Téhéran, l'ayatollah Ahmad Jannati a plaidé en faveur de plus d'exécutions.

«Le pouvoir en Iran tente de créer un climat de peur pour dissuader les opposants, croit Houchang Hassan-Yari, professeur de sciences politiques au Collège militaire royal du Canada. Le 22 bahman sera une date cruciale autant pour eux que pour le mouvement d'opposition.»