Malgré le regain d'intérêt au cours des dernières années pour l'énergie nucléaire, bien peu de nouvelles centrales seront construites dans le monde d'ici 20 ans. La popularité des armes nucléaires, par contre, ne semble pas se démentir.

Ce sont les conclusions auxquelles sont arrivés les chercheurs du Centre de la gouvernance internationale en innovation, piloté par l'ancienne secrétaire générale adjointe de l'ONU, Louise Fréchette. Le fruit de trois ans de recherche sur le sujet a été rendu public hier à Ottawa.

 

«Plusieurs pays s'intéressent à l'énergie nucléaire comme une solution à la réduction des gaz à effet de serre, ou parce qu'il craignent de manquer d'énergie, ou pour des questions de prestige. Mais quelle est la réalité?» s'est demandé Louise Fréchette, jointe hier dans la capitale nationale.

Certaines estimations prévoient que le nombre de centrales actuellement dans le monde (un peu plus de 400) pourrait doubler. L'étude ramène cependant les prévisions à la baisse: peu de nouvelles centrales seront construites, et peu de pays se doteront d'une première centrale nucléaire d'ici 20 ans.

Pourquoi? Question d'argent, surtout. «Ça coûte très cher. C'est une énergie propre avec des coûts de production très compétitifs. Mais les coûts de construction sont astronomiques, dit Mme Fréchette. Elle demande aussi des coûts administratifs et de contrôle très exigeants. Il y a des pays qui y songent, mais jusqu'à maintenant, ils ne sont pas allés très loin.»

Au cours de sa recherche, l'équipe a peiné à recueillir de l'information sur la gestion des centrales nucléaires. Certains pays ne pouvaient leur fournir de renseignements notamment sur la sécurité et la sûreté de leurs installations. Les normes mondiales sur l'administration des équipements devraient donc être renforcées, croient les chercheurs. Un sommet sur la sécurité nucléaire aura lieu en avril à Washington.

Autre sommet d'importance en mai: celui de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires. Depuis sa signature en 1968, les cinq pays qui possédaient l'arme nucléaire l'ont toujours et certains qui s'étaient engagés à ne pas l'avoir ont entrepris des démarches pour s'en doter. La preuve, selon Louise Fréchette, que le régime actuel doit être adapté pour viser, au bout du compte, l'élimination de toutes les armes nucléaires.