L'Iran a notifié lundi à l'AIEA sa décision de commencer à produire de l'uranium hautement enrichi malgré les pressions internationales, tout en se déclarant prêt à arrêter ce processus s'il obtenait des grandes puissances le combustible nucléaire qu'il réclame.

Paris et Washington ont réagi en annonçant leur intention de «travailler» à de nouvelle sanctions contre la République islamique, accusée par la France de faire du «chantage» à la communauté internationale.

Le lancement mardi, sur le site de Natanz (centre), des opérations visant à porter à 20% l'uranium faiblement enrichi à 3,5% dont dispose Téhéran a été notifié à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), selon le représentant iranien à l'AIEA Ali Asghar Soltanieh.

«Nous avons invité, dans cette lettre, les inspecteurs de l'AIEA à être présents sur le site (de Natanz) puisque toutes les installations nucléaires de la République islamique sont placées sous le contrôle de l'Agence», a-t-il précisé, cité par IRNA.

Cette décision a été prise, selon Téhéran, en raison du blocage des discussions avec le groupe des Six (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) sur la fourniture à l'Iran du combustible enrichi à 20% dont il dit avoir besoin pour un réacteur de recherche médicale.

Selon M. Soltanieh, «plus de huit mois se sont écoulés depuis que l'Iran a dit au directeur général de l'AIEA qu'il avait besoin de combustible» pour son réacteur de Téhéran. «Nous ne pouvions plus attendre pour subvenir aux besoins de nos malades dont les soins nécessitent des isotopes», a-t-il dit.

M. Soltanieh a réaffirmé que «la porte demeure ouverte» pour un échange d'uranium avec les grandes puissances, appelées à «passer de la confrontation à la coopération» avec l'Iran.

L'Iran est soupçonné par les grandes puissances de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert de son programme civil en dépit de ses dénégations répétées.

Téhéran a rejeté en novembre une proposition des Six sur l'envoi, en une seule livraison, de la plus grande partie de son stock d'uranium faiblement enrichi en Russie et en France pour y être transformé en combustible.

Les Six avaient donné jusqu'à la fin 2009 à Téhéran pour accepter cette proposition, sous peine de nouvelles sanctions internationales. Mais l'Iran leur a fixé en retour un ultimatum pour accepter, avant fin janvier, de lui livrer du combustible à ses conditions: un échange simultané et en petites quantités. Faute de quoi, avait averti le président iranien Mahmoud Ahmadinejad dès décembre, l'Iran commencerait à produire lui-même cet uranium.

La France et les États-Unis ont annoncé leur intention de «travailler» au sein du Conseil de sécurité de l'ONU à de nouvelles sanctions contre l'Iran, une possibilité également évoquée par Berlin et Moscou.

«Nous sommes entièrement d'accord pour dire qu'une action de la communauté internationale est la prochaine étape», a déclaré à la presse à Paris le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, au côté de son homologue français Hervé Morin.

Israël, ennemi juré de Téhéran dans la région, a estimé que l'annonce était «une preuve supplémentaire que l'Iran trompe le monde entier», appelant à des «sanctions décisives et permanentes».

Qualifiant l'annonce iranienne de «chantage», le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a toutefois dit anticiper une «discussion longue» au Conseil de sécurité, notant que la France n'avait «pas encore convaincu» la Chine, qui dispose d'un droit de veto.

Le Conseil de sécurité a déjà infligé à Téhéran trois séries de sanctions depuis 2006 pour son refus de suspendre ses activités nucléaires sensibles.