Israël continue à jouer la carte d'un durcissement des sanctions internationales contre l'Iran qui a lancé mardi le processus d'enrichissement de l'uranium à 20%, tout en gardant l'option militaire dans sa manche.

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exhorté mardi la communauté internationale à prendre des «sanctions paralysantes» et immédiates contre la République islamique d'Iran, ennemi juré de l'État hébreu.

«L'Iran est dans une course en avant pour produire des armes nucléaires avec un mépris impudent pour la communauté internationale. Celle-ci doit décider si elle veut sérieusement neutraliser cette menace pour Israël, pour la région et le monde entier», a dit M. Netanyahu.

«Il faut bien plus que des mots», a-t-il plaidé lors d'une rencontre à Jérusalem avec les ambassadeurs de l'Union européenne.

Le démarrage de la production d'uranium enrichi à 20% sur le site de Natanz (centre de l'Iran) a suscité un tollé parmi les grandes puissances qui soupçonnent Téhéran de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert de programme civil, en dépit des dénégations répétées de Téhéran.

«Nous espérons que ces sanctions se traduiront par exemple par une interdiction d'exportation vers l'Iran de composants électriques ou électroniques, pouvant être utilisés pour des armements ou de produits pétroliers dérivés, ou de technologie pour le raffinage du pétrole», a dit à l'AFP le porte-parole des Affaires étrangères israéliennes, Ygal Palmor.

Interrogé sur l'éventualité d'une frappe militaire israélienne, un haut responsable gouvernemental, qui a requis l'anonymat, a averti que «cette option peut être envisagée dans le cas d'une menace iranienne imminente», sans donner d'autres détails.

Toutefois, la plupart des analystes en Israël estiment qu'une telle attaque à court terme est «improbable».

«Si des sanctions plus dures sont effectivement imposées, il faudra attendre sans doute jusqu'à la fin de l'année pour savoir si elles sont efficaces», explique Ephraïm Kam, directeur adjoint de l'Institut d'études stratégiques de l'Université de Tel-Aviv et ex-officier des renseignements militaires.

«Si ce n'est pas le cas, à cause notamment de la Chine et de la Russie, les États-Unis ont prévenu que l'option militaire restait sur la table. En attendant, Israël ne devrait pas prendre d'initiative», estime-t-il.

Un avis partagé par le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner. «Je ne crains pas pour le moment, surtout en ce moment, de frappe israélienne immédiatement. Au contraire, la manifestation populaire iranienne peut retarder les échéances et en même temps donner une perspective», a-t-il dit en allusion au mouvement de contestation en Iran.

La semaine dernière, le ministre israélien des Affaires stratégiques Moshé Yaalon avait évoqué la possibilité d'un recours à la force pour empêcher l'Iran de parvenir à l'arme nucléaire.

Le 7 juin 1981, l'aviation israélienne a bombardé le réacteur nucléaire irakien de Tammouz, près de Bagdad. Le premier ministre israélien de l'époque, Menahem Begin, avait dit que cette centrale était sur le point de devenir opérationnelle et aurait permis à l'Irak de fabriquer des bombes atomiques.

L'Iran ne reconnaît pas l'État hébreu et le guide suprême iranien Ali Khamenei a affirmé dimanche que la destruction d'Israël était «imminente» et son président, l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, a à plusieurs reprises appelé à «rayer» Israël de la carte.