Quinze mille soldats des forces afghanes et internationales, américaines en tête, étaient engagés samedi dans une offensive majeure contre un bastion taliban du sud de l'Afghanistan, Marjah, où ils ne rencontraient qu'une «résistance minime».

Les responsables militaires de l'Otan sont «très satisfaits» de la manière dont s'est déroulé le début de l'opération, a déclaré le général Gordon Messenger, un porte-parole de l'armée britannique à Londres.

Il s'agit de la plus vaste opération depuis l'annonce par le président Barack Obama en décembre d'un renfort cette année de 30 000 soldats américains afin d'inverser le cours de la guerre au moment où l'insurrection des talibans s'intensifie.

Le ministère britannique de la Défense a annoncé qu'un soldat britannique avait été tué samedi dans une explosion, dans le cadre de cette opération.

Auparavant, la force de l'Otan a fait état de la mort de cinq soldats de l'Otan, dont trois américains, tués dans deux attentats et un échange de tir dans le sud, mais sans préciser s'ils avaient péri dans l'offensive ou dans d'autres accrochages.

Selon le général Messenger, «l'objectif principal a été atteint» pour les troupes britanniques, à savoir prendre le contrôle des grands centres de population et des principales installations, comme les postes de police, autour de Chah-e Anjir, au nord-est de Marjah.

Il y a eu des «combats sporadiques», mais les talibans semblent «désorientés et désorganisés», et «n'ont pas été capables d'opposer une réaction cohérente», a ajouté le général.

Les responsables militaires américains ont également fait part de leur satisfaction, selon lui.

«Un petit nombre de rebelles» ont été tués, a-t-il encore indiqué.

Au moins 20 talibans ont été tués, a affirmé se son côté en début de soirée le général Sher Mohammad Zazaï, qui commande sur place les forces afghanes.

Annoncée depuis plusieurs semaines, l'opération Mushtarak («Ensemble» en dari) a été lancée au milieu de la nuit quand 60 hélicoptères ont déposé des Marines sous la bannière de la force de l'Otan (l'Isaf) et des soldats afghans dans la bourgade de Marjah, les autres progressant depuis la périphérie, qu'ils occupaient depuis plusieurs jours.

Des responsables militaires décrivent Mushtarak comme l'offensive la plus massive des forces internationales depuis le début de la guerre fin 2001, après qu'elles eurent chassé les talibans du pouvoir.

Plusieurs dizaines d'instructeurs français participent également à l'offensive.

Mais les insurgés avaient raillé jeudi une opération «médiatisée» contre Marjah, «une très petite zone». «Nous avons tué six soldats étrangers dans les premiers échanges», a assuré pour sa part jeudi le porte-parole des talibans, Yousuf Ahmadi.

Les bilans avancés par l'armée afghane et les insurgés étaient invérifiables de source indépendante.

Kaboul et les forces internationales ont présenté Mushtarak comme la première phase d'une vaste opération visant à restaurer l'autorité du gouvernement dans la province du Helmand, l'un des principaux fiefs des insurgés et «grenier» à opium.

Mushtarak doit se concentrer sur la zone de Marjah, dont la population est estimée à 125 000 habitants. Quelques milliers ont fui la zone avant l'offensive, selon les autorités locales.

Le porte-parole taliban Yousuf Ahmadi a promis ces derniers jours une résistance acharnée grâce aux tactiques habituelles de harcèlement, au moyen d'engins explosifs artisanaux cachés sur les routes et d'embuscades essentiellement.

C'est justement l'une de ces bombes qui a coûté la vie samedi à trois soldats américains dans le sud, a annoncé l'Isaf, sans préciser s'ils ont péri à Marjah ou dans un attentat qui a visé dans la matinée une patrouille américaine à Kandahar, à 200 km à l'ouest de là. Un peu plus tard, l'Otan a annoncé la mort de deux autres de ses soldats dans le sud, sans plus de précision, avant que Londres ne fasse état de l'un de ses soldats tués dans le cadre de l'offensive.

Nombre d'experts et responsables des services de renseignements occidentaux estiment toutefois que Marjah n'est qu'un fief taliban parmi d'autres.

Mushtarak peut toutefois être considéré, selon les mêmes experts, comme le premier test de la nouvelle stratégie de contre-insurrection conçue pour l'administration Obama notamment par le général américain Stanley McChrystal, commandant de l'Isaf.