L'Assemblée générale de l'ONU a remis vendredi la pression sur Israël et les Palestiniens, en leur demandant à nouveau d'enquêter de manière crédible sur les crimes de guerre qu'ils sont accusés d'avoir commis lors du conflit de Gaza l'hiver dernier.

L'Assemblée, où siègent les 192 États membres de l'ONU, a adopté à cet effet une résolution proposée par plusieurs pays arabes, par 98 voix contre 7, avec 31 abstentions.

Israël et son principal allié, les États-Unis, ont voté contre, ainsi que le Canada, Panama, Nauru, la Micronésie et la Macédoine. La Chine a voté pour, la Russie s'est abstenue. La plupart des pays de l'Union européenne ont voté pour.

La résolution demande à Israël et aux Palestiniens d'ouvrir des enquêtes «indépendantes, crédibles et conformes aux critères internationaux» sur les «graves violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme» dont ils ont été accusés.

Le texte donne virtuellement cinq nouveaux mois aux deux parties pour s'exécuter puisqu'il demande au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de lui faire rapport dans ce délai sur la mise en oeuvre de ces exigences.

La résolution recommande de nouveau au gouvernement suisse, dépositaire de la Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre, de réunir une conférence des parties contractantes à cette Convention, sur «les mesures à prendre pour faire respecter celle-ci dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-est».

Les accusations de crimes de guerre étaient contenues dans le rapport controversé de la commission du juge sud-africain Richard Goldstone, qui avait été chargée par l'ONU d'enquêter sur la manière dont s'était déroulé le conflit, lors de l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009.

L'Assemblée générale de l'ONU avait déjà demandé de telles enquêtes, le 5 novembre dernier, donnant trois mois aux deux côtés pour les mener à bien. Elle avait alors adopté une résolution par 114 voix contre 18, avec 44 abstentions.

À l'échéance de ce délai, le 5 février, M. Ban avait remis à l'Assemblée un rapport dans lequel il déclarait n'être pas en mesure de déterminer si Israël et les Palestiniens s'étaient conformés à l'exigence formulée par l'Assemblée en novembre.

M. Ban avait reçu fin janvier un rapport officiel du gouvernement israélien, dans lequel celui-ci se défendait d'avoir violé les lois de la guerre et s'efforçait de réfuter les accusations de la commission Goldstone.

Israël, qui avait lancé l'offensive en réponse à des tirs de roquettes sur son territoire à partir de Gaza par des militants palestiniens, juge le rapport Goldstone «inique, saugrenu et unilatéral».

Jusqu'ici, l'État hébreu n'a pas annoncé la création d'une commission d'enquête. Mais l'armée a infligé un blâme à deux officiers supérieurs pour des tirs d'obus au phosphore contre un bâtiment de l'ONU lors de l'offensive à Gaza, parce qu'ils étaient dirigés vers une zone habitée.

M. Ban avait également reçu fin janvier de l'Autorité palestinienne un rapport préliminaire sur la façon dont elle prévoyait d'enquêter sur la guerre à Gaza.

Bien que plus consensuelle que celle de novembre, la nouvelle résolution a été adoptée à une majorité plus modeste - 98 voix pour au lieu de 114 - mais l'observateur permanent de la Palestine à l'ONU, Riyad Mansour, a mis ce recul au compte de la tempête de neige qui sévissait vendredi sur New York, perturbant gravement la circulation. De fait, seuls 136 États sur 192 ont participé au vote, contre 176 en novembre.