Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, confronté à la pire crise de confiance avec Washington depuis des décennies, a répondu lundi aux critiques en affirmant qu'Israël «continuerait à construire» dans Jérusalem-est annexée.

«La construction continuera à Jérusalem, comme cela a été le cas pendant ces 42 dernières années», y compris dans le secteur à majorité arabe annexé en 1967, a-t-il déclaré devant le groupe parlementaire de son parti, le Likoud (droite).

Cette annonce a provoqué une réponse quasi-immédiate des Palestiniens, qui ont prévenu qu'aucune négociation n'aurait lieu sans gel de la colonisation. «Cette politique ne crée pas l'atmosphère appropriée pour la reprise du processus de paix», a déclaré à l'AFP Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien.

Le département d'État américain n'a pas souhaité réagir aux propos de M. Netanyahou, disant attendre une réponse «formelle» d'Israël.

La secrétaire d'État Hillary Clinton «a demandé une réponse formelle au gouvernement israélien, et nous attendons cette réponse», a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain, Philip Crowley.

L'annonce par Israël d'un vaste projet de colonisation à Jérusalem-est, en pleine visite la semaine dernière du vice-président américain Joe Biden, a déclenché une tourmente diplomatique entre les deux alliés.

Plusieurs responsables américains ont critiqué en des termes très durs le projet et le moment choisi pour l'annoncer.

La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, en visite au Caire, a pour sa part estimé que la décision israélienne mettait «en danger» la tenue de pourparlers israélo-palestiniens.

Pour l'ambassadeur d'Israël à Washington, Michael Oren, cité par les médias, il s'agit de la crise «la plus grave depuis 35 ans» entre les deux alliés, quand les États-Unis avaient contraint Israël à un retrait partiel du Sinaï égyptien, alors occupé par l'État hébreu.

Le porte-parole du Département d'État a toutefois tenu à souligner lundi qu'Israël était «un allié stratégique des États-Unis et le restera».

«Notre engagement envers la sécurité d'Israël reste inflexible», a-t-il souligné.

M. Netanyahou s'abstient de critiquer ouvertement le président américain Barack Obama et a donné la consigne à ses ministres d'éviter de s'exprimer sur l'affaire.

Cela n'a pas empêché un ministre de son parti, interviewé sous couvert d'anonymat par le quotidien Maariv, d'accuser M. Obama de «chercher à faire tomber le gouvernement Netanyahou» et d'exploiter la crise pour obtenir des concessions d'Israël dans le processus de paix.

«Il est de l'intérêt de nos deux pays de régler au plus vite ce différend et je suis convaincu que nous y parviendrons, comme nous y sommes toujours parvenus dans le passé», a déclaré à l'AFP l'ex-ambassadeur d'Israël à Washington, Zalam Shaval, membre du Likoud.

Il a mis en garde contre le risque que des «critiques américaines trop sévères envers Israël, censées permettre une relance du processus de paix, aient l'effet contraire en poussant les Palestiniens à encore plus d'intransigeance».

Pour le politologue Eytan Gilboa, la crise de confiance «est dans les deux sens, puisque Israël doute de la détermination du président Obama à stopper le programme nucléaire iranien».

M. Netanyahou peut jouer de la «popularité décroissante d'Obama aux États-Unis, vu ses échecs sur le plan intérieur, notamment au sein de l'électorat juif qui a massivement voté pour lui», estime cet universitaire.

Sur le terrain, la situation reste tendue en Cisjordanie occupée, où 10 étudiants palestiniens ont été blessés lundi, dont deux par balles réelles, lors d'affrontements avec des soldats israéliens.