Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné dimanche à Gaza le blocus israélien «inacceptable» contre le territoire palestinien, tandis que Washington tente de relancer le processus de paix via leur médiateur George Mitchell malgré la tension sur le terrain.

«J'ai dit clairement et de manière répétée aux dirigeants israéliens que leur politique de bouclage n'est pas tenable et qu'elle est mauvaise», a déclaré M. Ban à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

«Elle inflige des souffrances humaines inacceptables à la population de Gaza. Cette politique est également contre-productive. Elle affaiblit les modérés et donne du pouvoir aux extrémistes», a-t-il dit.

Au premier jour de sa tournée en Israël et dans les territoires palestiniens samedi, M. Ban avait dit «comprendre et partager» les inquiétudes d'Israël vis-à-vis du mouvement islamiste palestinien Hamas au pouvoir à Gaza depuis juin 2007. Mais il a fait part de sa «certitude que le blocus peut être levé tout en répondant aux légitimes préoccupations sécuritaires d'Israël».

La bande de Gaza, une étroite bande sablonneuse surpeuplée (1,5 million d'habitants, dont 85% dépendent de l'aide internationale), vit sous embargo israélien depuis juin 2007.

Elle a été la cible d'une offensive israélienne dévastatrice (27 décembre 2008 - 18 janvier 2009), destinée officiellement à mettre fin aux tirs de roquettes palestiniens contre le sud d'Israël. Elle a fait plus de 1400 morts côté palestinien et 13 côté israélien.

À son entrée dans la bande de Gaza le matin, M. Ban a été accueilli par des enfants portant des pancartes appelant à la levée du blocus.

Sa visite intervient dans un climat tendu sur le terrain, au moment où les États-Unis tentent de lancer des discussions indirectes entre Israéliens et Palestiniens dans le but de remettre sur les rails le processus de paix, interrompu depuis fin 2008.

Deux Palestiniens ont été tués par balles par l'armée israélienne près de Naplouse en Cisjordanie, alors qu'ils tentaient de poignarder un soldat, selon l'armée. La veille déjà, deux Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne en Cisjordanie.

Par ailleurs, au moins huit roquettes ont été tirées ces derniers jours contre Israël depuis Gaza, en dépit du cessez-le-feu observé de facto par le Hamas, dont une a tué un ouvrier agricole thaïlandais.

Sur le front du processus de paix, le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, à quelques heures de sa rencontre avec M. Mitchell, a réitéré son refus de geler la colonisation à Jérusalem, affirmant que la politique de construction israélienne dans la Ville sainte était «la même qu'à Tel-Aviv».

Mais M. Nétanyahou serait prêt, selon les médias, à des gestes de bonne volonté envers les Palestiniens à la demande des États-Unis.

La mission de M. Mitchell intervient dans la foulée d'une réunion à Moscou du Quartette pour le Proche-Orient (ONU, États-Unis, Union européenne, Russie), qui a exhorté «le gouvernement israélien à geler toutes les activités de colonisation» et à la reprise des négociations pour un accord d'ici à 24 mois.

Outre M. Nétanyahou, l'émissaire américain doit rencontrer le ministre de la Défense Ehud Barak ainsi que M. Ban. Lundi, il doit s'entretenir en Jordanie avec le président palestinien Mahmoud Abbas qui réclame un gel de la colonisation avant la reprise de tout dialogue avec Israël.

Le début des négociations indirectes a été différé après la décision le 9 mars de l'État hébreu de lancer la construction de 1600 nouveaux logements à Jérusalem-Est, qui a provoqué une crise entre Israël et les États-Unis.