Human Rights Watch (HRW) a exhorté dimanche la communauté internationale à faire pression sur Israël et le mouvement palestinien Hamas pour qu'ils rendent des comptes après les «graves violations» des droits de l'Homme durant la guerre de Gaza.

A ce jour, les enquêtes menées par Israël sur son offensive lancée fin 2008 contre le territoire palestinien ne répondent pas aux critères internationaux, tandis que le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, n'a pas effectué la moindre investigation crédible, estime un rapport de l'ONG basée à New York.

HRW demande à la communauté internationale de «ne pas fermer les yeux» sur les «graves violations» commises durant la guerre de Gaza sous peine de s'exposer à des accusations de partialité.

«Les gouvernements qui tolèrent l'impunité dans le conflit israélo-palestinien affaiblissent les appels qu'ils lancent pour que des pays comme le Sri Lanka, le Soudan et la République démocratique du Congo rendent aussi des comptes».

«En fin de compte, si les enquêtes internes en Israël et dans la bande de Gaza n'aboutissent à rien, alors seulement des poursuites internationales permettront aux victimes civiles de ce conflit armé d'obtenir justice», avertit le rapport.

Un rapport commissionné par l'ONU et publié en septembre par le juge Richard Goldstone a fait état de «crimes de guerre» et de «possibles crimes contre l'humanité» commis par les deux parties à Gaza.

Déclenché par Israël pour stopper les tirs palestiniens de roquettes contre son territoire, le conflit, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, a fait plus de 1 400 tués chez les Palestiniens et 13 côté israélien.

L'Assemblée générale de l'ONU a appelé Israël et les groupes armés palestiniens à conduire des enquêtes «crédibles» sur cette guerre.

Selon HRW, seul un soldat israélien a été jugé par les autorités militaires israéliennes pour avoir volé une carte de crédit à un Palestinien durant le conflit. Deux autres militaires doivent passer en jugement pour avoir ordonné à un enfant palestinien d'ouvrir des sacs de peur qu'ils ne soient piégés avec des explosifs.

En outre, l'armée israélienne a infligé un blâme à deux officiers supérieurs à la suite de tirs d'obus, qui contenaient du phosphore, contre un bâtiment de l'ONU à Gaza.

Selon HRW, l'armée israélienne a examiné quelque 150 incidents, mais s'est contentée de simples «débriefings opérationnels» --basés sur les témoignages des soldats impliqués mais pas de victimes ou d'autres témoins-- dans 120 cas.

Israël n'a pas non plus mené d'enquêtes crédibles sur les méthodes qui ont pu conduire à des violations des lois de la guerre, notamment le fait que des policiers aient été pris pour cible ou que des barrages d'artillerie et des obus au phosphore aient été tirés contre des secteurs habités, accuse le rapport.

Quant au Hamas, il n'a pris aucune sanction à la suite des centaines «d'attaques à la roquette visant délibérément et indistinctement les populations des agglomérations israéliennes, qui ont tué trois civils et en ont blessé des dizaines d'autres», déplore HRW.

«Les cas d'assassinats et de tortures de personnes soupçonnées de collaboration (avec Israël) et de rivaux politiques par les services de sécurité du Hamas à Gaza sont aussi restés impunis», regrette-t-elle.

Israël soutient que ses enquêtes militaires ont été réalisées conformément aux normes internationales les plus élevées, et affirme que rien n'a permis de prouver que ses soldats avaient délibérément attaqué des civils à Gaza.

En janvier, dans un rapport remis au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, Israël a cependant admis que ses troupes avaient commis des erreurs de jugement mais sans pour autant violer le droit international.