Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a échoué dimanche à ravir la première place du scrutin législatif à son rival laïc Iyad Allawi après un nouveau décompte qui a confirmé l'absence de fraudes à Bagdad contrairement à ses allégations.

Aussitôt après la proclamation des résultats par la commission électorale, le Bloc Irakien de M. Allawi a revendiqué le droit de former le nouveau gouvernement, ce que contestent les listes chiites, qui viennent de former un seul groupe parlementaire.

«Il n'y a pas de changement dans la répartition des sièges pour les différentes listes à Bagdad et en Irak et les plaintes déposées par les différents groupes politiques ont été étudiées et réglées», a affirmé à l'AFP Saad al-Rawi, un membre de la commission électorale.

«Il y a eu des changements minimes de 3000 voix sur 2,5 millions de suffrages par rapport au premier décompte», dus à des erreurs techniques des assesseurs, a de son côté indiqué lors d'une conférence de presse le porte-parole de la commission Qassem al-Aboudi.

«Les accusation de fraudes et de manipulations n'étaient absolument pas fondées», a-t-il insisté.

Il a confirmé que comme, lors du premier décompte, la liste de M. Maliki avait obtenu 26 sièges et le Bloc irakien de l'ancien Premier ministre laïc Iyad Allawi 24. L'Alliance nationale irakienne (ANI), qui regroupe deux formations chiites conservatrices, a recueilli 17 sièges et un autre est revenu au Front de la Concorde (sunnite).

Les deux derniers sièges reviennent aux minorités religieuses.

Fin avril, la commission électorale, sur l'insistance de la liste de l'Etat de droit (AED) de M. Maliki, avait accepté un nouveau décompte manuel uniquement dans la province de Bagdad, la plus importante du pays puisqu'elle doit répartir 70 sièges.

Elle doit désormais transmettre ce nouveau décompte pour ratification à la Cour suprême, qui a déjà entre ses mains les résultats des 17 autres provinces.

Au niveau national, M. Allawi était arrivé en tête des législatives avec 91 sièges, contre 89 à Nouri al-Maliki, 70 à l'ANI et 43 à l'Alliance kurde.

«Les résultats nous maintiennent en tête et nous avons donc le droit selon la Constitution, de former le gouvernement», a affirmé à l'AFP Hussein al-Chaalane, un dirigeant du Bloc irakien.

Concernant la récente décision prise par l'AED et l'ANI de former un seul groupe parlementaire qui comptera 159 des 325 sièges du Parlement, il a répondu: «Sont-ils vraiment un seul bloc? Ont-ils le même programme et la même organisation? Bien sûr que non», a-t-il dit.

«Peut-être que la demande de nouveau décompte à Bagdad a été faite pour prolonger le mandat de Maliki afin qu'il soit en position de force pour négocier avec les autres formations», a-t-il ajouté.

Il semble toutefois que M. Maliki a accru ses chances d'être reconduit dans ses fonctions en obtenant la levée du veto à sa candidature de la part des partisans du chef chiite Moqtada Sadr en échange de la libération de leurs prisonniers.

Reste une inconnue qui pourrait encore modifier la répartition des sièges: «Aucune décision finale n'a encore été prise sur neuf candidats», a affirmé le porte-parole de la commission électorale.

L'instance juridique de la commission électorale doit se prononcer sur le cas de neuf députés élus qui sont menacés de perdre leur siège en raison de leurs liens présumés avec l'ancien parti Baas de Saddam Hussein.

Si elles étaient invalidées, leurs voix seraient annulées et, comme il s'agit d'un système proportionnel, il faudrait donc redistribuer les sièges dans les provinces concernées.

Sept des neufs députés appartiennent à la liste de M. Allawi. Quatre ont été élus à Bagdad et les trois autres à Ninive (nord), Anbar (ouest) et Babylone (centre).