Une responsable de la flottille internationale chargée d'aide pour Gaza, actuellement au large de Chypre, a affirmé samedi qu'elle était déterminée à partir pour l'enclave palestinienne, sous blocus israélien, malgré plusieurs reports et les avertissements de l'État hébreu.

Alors que les organisateurs devaient décider du moment du départ en début d'après-midi, un responsable israélien a indiqué que la marine israélienne empêcherait, de force si nécessaire, la flottille au cas où elle tenterait de s'approcher des côtes du territoire palestinien.

«Une décision finale devrait être prise à 14h00 (107h00, heure de Montréal) à propos du départ de la flottille, vu que certaines personnes tentent de négocier leur embarquement à bord du bateau turc», a déclaré Audrey Bomse, une responsable du mouvement Free Gaza, à l'initiative de cette traversée, qui avait fait état dans un premier temps d'un départ à midi (05h00, heure de Montréal).

Mme Bomse avait précisé auparavant qu'un navire turc faisant partie de la flottille négociait avec les autorités du nord de Chypre, une zone occupée par la Turquie et non reconnue internationalement, pour permettre à des députés européens d'embarquer à son bord au port de Famagouste, situé au nord de l'île.

Ces derniers, selon un militant à bord d'un des navires, Thomas Sommer-Houdeville, avaient été empêchés par les autorités chypriotes d'embarquer du sud de l'île.

Les organisateurs de cette traversée estiment que les autorités chypriotes ont cédé aux pressions israéliennes, ce qu'a catégoriquement démenti Nicosie.

Le départ de la flottille, initialement prévu vendredi, avait été reporté à samedi, les organisateurs invoquant notamment des menaces israéliennes de capturer un navire turc et des «difficultés techniques» sur l'un des navires.

Selon Mme Bomse, la flottille est désormais composée de cinq navires, deux petits bateaux ayant eu des problèmes techniques.

Côté israélien, le gouvernement a lancé un nouvel avertissement aux militants.

«Nous tenterons de les empêcher de s'approcher des côtes de la bande de Gaza de manière pacifique, mais s'ils cherchent à passer en force nous les bloquerons», a affirmé à l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ygal Palmor.

L'État hébreu prévoit, si les bateaux refusent de rebrousser chemin, de les arraisonner et les diriger vers le port israélien d'Ashdod, au sud de Tel-Aviv, avant d'interpeller les militants et de les renvoyer dans leur pays.

«De l'aveu même des organisateurs, il ne s'agit pas d'une opération humanitaire mais bel et bien d'un acte de provocation visant à causer une confrontation avec l'armée israélienne à des fins de propagande», a ajouté M. Palmor.

Selon lui, «toute l'opération est orchestrée par IHH, une organisation islamiste turque impliquée depuis longtemps dans des activités terroristes et en étroite collaboration avec le Hamas», le mouvement islamiste palestinien qui contrôle la bande de Gaza.

L'organisation Free Gaza, à l'initiative de cette traversée, a de son côté qualifié d'«ignoble» le fait qu'Israël l'accuse de violer la loi internationale, alors qu'ils ont des «bateaux non armés transportant de l'aide humanitaire à des gens qui (en) ont désespérément besoin».

À Gaza, le premier ministre du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a qualifié les passagers de la flottille de «héros» lors d'une inspection du port, qui se préparait à l'arrivée des bateaux.

«Nous sommes à un moment historique, de rupture, qui nous sépare de la fin du blocus de Gaza», a-t-il dit.

La flottille «envoie un message fort, que le blocus imposé à la bande de Gaza (...) sera brisé», a-t-il affirmé.

L'ONU, l'UE et la France ont rappelé récemment qu'ils étaient opposés au blocus, maintenu autour de Gaza par Israël depuis l'arrivée au pouvoir du Hamas en juin 2007.