«J'attends ce moment depuis plusieurs années. Être bloquée à Gaza est terrible», dit Dalia, une femme de 32 ans rencontrée à la frontière entre l'Égypte et la bande de Gaza.

Comme elle, de nombreuses personnes attendaient, hier, de pouvoir traverser. Plusieurs espéraient recevoir un traitement médical en sol égyptien.

 

Sous la pression de la communauté internationale, l'Égypte a accepté la semaine dernière de rouvrir sa frontière, fermée depuis 2007.

Mercredi dernier, de 500 à 600 personnes s'y sont présentées, selon le responsable des traversées et des frontières, Ghazi Hamad.

«Il n'est toujours pas permis à tous les habitants de traverser, dit-il. Nous sommes en contact avec l'Égypte. Nous voudrions une ouverture permanente et pour tous.»

Seuls les patients en attente de traitement, les détenteurs de visa, de cartes de résidence ou d'un permis spécial peuvent se rendre en Égypte. Les convois d'aide humanitaire sont autorisés, mais les marchandises commerciales y sont toujours prohibées.

Pour remédier aux pénuries, une industrie florissante a fait son apparition à Rafah. Non loin de la frontière égyptienne se dressent de grandes tentes. Elles abritent l'entrée de tunnels illégaux, qui permettent aux passeurs de faire transiter de la marchandise.

Abu Salah est propriétaire de deux tunnels. Depuis un an et demi, son équipe de 15 personnes s'affaire à réparer le deuxième tunnel. «Les Égyptiens l'ont détruit alors qu'on allait atteindre la sortie. Les Israéliens ont aussi détruit beaucoup de tunnels», dit-il. Les ruines autour du campement témoignent des bombardements. Il estime qu'il y a encore 400 tunnels opérationnels.

Les propriétaires de tunnels doivent payer une taxe au Hamas. Israël les a souvent accusés de faire transiter des armes par ces souterrains.

Abu Salah jure qu'il n'a jamais fait passer d'armes. «On importe surtout de la nourriture, des croustilles, du chocolat, et des matériaux comme du ciment, du fer, du carburant», ajoute-t-il.

Le métier de passeur est dangereux. Outre les bombardements et les effondrements, les accidents sont aussi fréquents. Dernièrement, sept personnes sont mortes dans une explosion alors qu'elles transportaient du carburant, selon Abu Salah.