Une partie des fonds destinés à l'acheminement de vivres et de munitions aux troupes américaines en Afghanistan serait détournée vers les talibans par les seigneurs de guerre, affirme une sous-commission du Congrès américain dans un rapport publié mardi.

L'argent, des dizaines de milliers de dollars par semaine, serait remis aux talibans afin de s'assurer leur bienveillance, via un contrat de 2,16 milliards de dollars sous lequel 70% de l'eau, des vivres et des munitions sont acheminés sur 200 bases et postes de combats américains en Afghanistan.

«Beaucoup pensent que les seigneurs de guerre des routes qui protègent les camions font des paiements aux insurgés pour se protéger, afin de s'assurer un passage sans encombre», lit-on dans le rapport, un document de 86 pages qui doit être débattu mardi devant la commission.

Le rapport cite aussi l'exemple de l'armée italienne qui aurait payé des pots-de-vins pour sa protection. L'armée française qui a pris la succession des Italiens n'aurait pas payé et a subi une violente attaque d'insurgés en 2008 perdant 10 hommes, indique le document.

Le rapport, qui parle de «corruption» ou «extorsion» de la part de talibans, met en exergue des documents étayant les transferts d'argent.

Il cite notamment des notes d'une réunion entre les sous-traitants afghans et les logisticiens de l'armée qui donnent une estimation du coût de pot-de-vins allant de 1,6 million à 2 millions de dollars par semaine.

Le rapport regrette une «attitude dédaigneuse» envers ce problème de corruption de la part des entités du Pentagone chargé du contrat de transport.

«Il y a un certain nombre de changements constructifs qui pourraient être apportés à l'effort américain» de logistique en Afghanistan, poursuit le texte.

Parmi ces changements, le rapport parlementaire recommande notamment aux autorités américaines d'assumer directement la responsabilité du transport afin d'exercer une surveillance sur les sous-traitants engagés. Il préconise également d'augmenter le rôle des forces de sécurité afghanes sur les routes empruntées par les convois.