La Turquie a interdit son espace aérien à un avion militaire israélien, en réaction au raid meurtrier israélien sur un convoi maritime pour Gaza, a-t-on appris de sources officielles, tandis que la presse turque affirme qu'une deuxième interdiction a été signifiée à Israël.

«Le premier jour (suivant l'assaut israélien du 31 mai, ndlr), il y a eu une demande d'autorisation de transit par l'espace aérien turc (...) Elle n'a pas été accordée», a déclaré lundi le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, interrogé par des journalistes à son retour du sommet du G20 à Toronto.

Le Premier ministre a indiqué que la demande concernait un avion militaire israélien se rendant en Pologne. Il n'a pas fait état de restrictions plus larges contre les avions israéliens.

Interrogé par l'AFP, un diplomate turc a confirmé qu'une décision d'interdire un vol militaire israélien dans l'espace turc avait été prise, juste après le raid du 31 mai, au cours duquel neuf ressortissants turcs avaient été tués.

«Les avions militaires sont tenus d'obtenir une autorisation de survol avant chaque déplacement. Un avion militaire (israélien) s'est vu refuser cette autorisation immédiatement après» l'assaut, a expliqué cette source sous couvert de l'anonymat.

Le diplomate a déclaré que de nouvelles demandes similaires de la part d'Israël seraient étudiées au cas par cas, ajoutant que les vols civils n'étaient pas concernés.

Par ailleurs, selon le site internet du quotidien Hürriyet Daily News, citant des sources diplomatiques, la Turquie a rejeté «deux demandes distinctes israéliennes d'utiliser l'espace aérien turc, depuis le début juin».

Il n'a pas été possible d'obtenir confirmation officielle de cette deuxième interdiction de vol.

«Même une fermeture partielle de l'espace turc constitue une preuve importante de dégradation des relations dans tous les domaines, y compris les liens militaires», note le journal.

En Israël, le ministère des Transports a indiqué lundi que «la Direction de l'aviation civile n'avait pas reçu pour le moment de notification officielle turque» sur une éventuelle restriction des vols civils et opérait «comme d'habitude» concernant les liaisons entre les deux pays.

La Turquie avait exclu début juin Israël de manoeuvres aériennes conjointes, à la suite du raid meurtrier de commandos israéliens contre la flottille humanitaire en route pour la bande de Gaza.

Le raid contre la flottille qui voulait forcer le blocus imposé par Israël à Gaza, a porté un coup sévère aux relations entre les deux pays qui avaient signé des accords de coopération militaire en 1996.

La Turquie a rappelé son ambassadeur et a exigé une enquête internationale.

M. Erdogan a évoqué cette question avec le président américain Barack Obama en marge du G20.

La Turquie a fait savoir qu'elle exige d'Israël des excuses, des dommages pour les familles des victimes, une enquête internationale sur le raid, la libération des trois navires turcs saisis pendant l'opération et la fin du blocus de Gaza.

M. Erdogan a précisé que les relations avec Israël s'amélioreraient si ces demandes étaient satisfaites.

«Nous avons été très patients (...) et nous avons dit que le fait de satisfaire nos demandes serait une étape importante pour que les choses prennent un tour positif. Mais si elles ne sont pas satisfaites, il ne faudrait pas oublier que notre amitié a déjà pris un coup», a dit le Premier ministre, selon Anatolie.

Si Israël refuse les demandes turques, Ankara réduira sa représentation diplomatique à Tel-Aviv au niveau du chargé d'affaires, a déclaré récemment à l'AFP un diplomate turc.