Le chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a rencontré lundi soir le président Hamid Karzaï à Kaboul, à la veille d'une conférence internationale sur l'avenir du pays, et après avoir demandé de  nouveaux efforts au Pakistan contre les groupes insurgés.

La visite de Mme Clinton et la tenue d'une conférence internationale des pays donateurs à Kaboul interviennent alors que le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a estimé que la communauté internationale avait sous-estimé la difficulté de la mission à remplir en Afghanistan.

La secrétaire d'État est arrivée dans la soirée dans la capitale afghane, où elle a rencontré brièvement le général américain David Petraeus, nouveau patron des forces internationales en Afghanistan, avant de dîner avec le président afghan Hamid Karzaï.

Au début de leur rencontre, elle l'a félicité de l'accord de transit commercial signé la veille entre l'Afghanistan et le Pakistan à Islamabad. M. Karzaï a souligné en retour le rôle déterminant des États-Unis pour conclure des années de négociation dans ce dossier.

«Un immense travail de préparation (de la conférence) a été réalisé par les Afghans. Ils ont une bonne équipe de travail», avait déclaré Mme Clinton dans l'avion qui l'amenait d'Islamabad à Kaboul.

La conférence, à laquelle participent 60 pays, doit marquer une nouvelle étape dans le lent processus d'émancipation du gouvernement afghan, censé à l'avenir pouvoir diriger le pays et se défendre seul, après le départ des troupes américaines et de l'OTAN qui y sont déployées depuis la fin 2001.

Selon des diplomates occidentaux, le président Karzaï doit y présenter un calendrier de montée en puissance de l'armée et de la police pour permettre en principe un retrait des troupes étrangères d'ici la fin 2014, alors que cette intervention est de plus en plus impopulaire en Occident.

Avant de quitter Islamabad, Hillary Clinton a invité le gouvernement afghan à avancer dans son programme de réconciliation visant à rallier les rebelles talibans prêts à renoncer à la violence.

Elle a cependant invité à la prudence et au discernement entre les groupes insurgés: «Nous conseillerions fortement à nos amis afghans de négocier avec ceux qui sont prêt à s'engager pour un avenir pacifique, si leurs idées peuvent s'exprimer dans les urnes au niveau politique, et pas par la force des armes».

Le Programme pour la paix et la réconciliation en Afghanistan, qui vise les rebelles de rang inférieur qui combattraient pour l'argent et non par idéologie, est l'un des points clé de la stratégie de sortie de conflit du gouvernement afghan et de ses alliés et bailleurs de fonds internationaux.

«Sincèrement, je crois que la communauté internationale a sous-estimé la mission en Afghanistan. C'est pourquoi cela prend beaucoup plus de temps pour aider les Afghans à établir suffisamment de capacités» pour reconstruire le pays et assurer la paix et sa stabilité, a déclaré pour sa part Anders Fogh Rasmussen, alors que l'insurrection ne cesse de gagner en intensité, et que les pertes des forces internationales atteignent des niveaux records.

Au Pakistan, allié stratégique de la lutte contre l'extrémisme islamiste mais pays instable, Hillary Clinton a annoncé des projets d'aide civile d'un montant dépassant 500 millions de dollars, destinés à «jeter les bases d'un partenariat de long terme».

Elle a qualifié sa visite de «très bonne», mais a clairement demandé au Pakistan d'en faire davantage contre les groupes talibans installés sur son territoire, et qui attaquent régulièrement les 140 000 soldats des forces internationales, aux deux tiers américains, déployés en Afghanistan.