À la veille de l'ouverture de la conférence internationale sur la reconstruction de l'Afghanistan, c'est un triste bilan qu'il faut tirer en matière d'électricité. Seuls 10% des Afghans ont du courant chez eux, alors que l'objectif était une couverture à 65% en zone urbaine et 25% en zone rurale pour la fin de 2010.

Malgré un effort international de 60 milliards de dollars pour moderniser le pays, les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Mais l'accès à l'électricité a peu progressé: seulement 10% des Afghans ont du courant aujourd'hui contre 6% en 2001, année de l'arrivée des forces américaines.

À Kaboul, la construction d'une centrale au fioul a pris un an de retard, et a vu son coût, estimé au départ à 100 millions de dollars, tripler. Aujourd'hui achevée, elle est souvent à l'arrêt, les Afghans important de l'énergie meilleur marché de l'étranger.

La centrale, financée par les Américains, symbolise les échecs de programmes de reconstruction souvent mal conçus. Premiers contributeurs à la reconstruction, les États-Unis ont débloqué 51 milliards de dollars depuis 2001. La moitié de ces fonds sert à soutenir l'armée et la police afghanes, le reste étant dévolu à l'amélioration des infrastructures et des services sociaux.

Centrale trop chère

Il reste que trop de projets ne tiennent pas leurs promesses. Les États-Unis et leurs partenaires ont gaspillé des milliards de dollars sans consulter les autorités afghanes, déplore le ministre afghan des Finances, Omar Zakhilwal. «L'indicateur du succès en Afghanistan a été le mauvais indicateur: la dépense», et non le résultat, ajoute-t-il.

C'est certainement vrai pour l'énergie. L'Afghanistan est le pays qui en consomme le moins par habitant, même après des années de programmes de reconstruction.

Les États-Unis et d'autres donateurs internationaux ont, pendant des années, aidé l'Afghanistan à concevoir une politique énergétique, prônant notamment une réduction de sa dépendance au fioul, trop coûteux et difficile à obtenir. L'objectif était d'acheter de l'électricité meilleur marché à des pays voisins et d'exploiter les ressources afghanes, comme l'eau, le gaz naturel et le charbon.

Mais tout cela a été abandonné dans le projet de la centrale de Kaboul, que les Américains ont voulu construire dans des délais très courts afin d'aider le président Hamid Karzaï à se faire réélire.

La centrale n'a été livrée au gouvernement afghan qu'en mai 2010. Aujourd'hui, elle fonctionne par intermittence, ne produisant qu'une fraction des 100 millions de watts qu'elle devait fournir. «Cette centrale électrique est trop chère à utiliser pour nous», souligne Shojauddin Ziaie, vice-ministre de l'Eau et de l'Énergie.

De nombreux hôtels et entreprises, et même les ambassades et agences internationales, ont leurs propres générateurs de courant. Certains vendent de l'électricité à leurs voisins.

Les Afghans qui en ont les moyens paient aux propriétaires de générateurs 2,60$ par mois et par ampoule au plafond pour s'éclairer. Et il en coûte près de 11$ pour alimenter un poste de télévision alors que le revenu moyen par habitant est seulement d'un peu plus de 1$ par jour.



Karzaï établit ses priorités



Au moins 80% de l'aide internationale doit être investie dans des programmes que l'Afghanistan juge prioritaires pour sa progression, demandera aujourd'hui le président Hamid Karzaï à ses partenaires.

En échange, Kaboul s'engagera notamment à améliorer sa gestion des finances et la collecte des impôts.

Le plan d'action afghan comporte des objectifs précis pour l'agriculture, la réintégration dans la société des insurgés ayant déposé les armes et le développement économique et social.