La communauté internationale réunie mardi à Kaboul a apporté son soutien au projet du président afghan Hamid Karzaï d'assurer avec ses propres forces la sécurité du pays d'ici à la fin 2014, ainsi qu'à sa politique de main tendue aux talibans.

Les représentants de plus de 70 pays donateurs et organisations internationales se sont également engagés à ce qu'une plus grande part (au moins la moitié) des milliards de dollars d'aide internationale destinés à l'Afghanistan passe par le budget du gouvernement afghan d'ici à deux ans.

Kaboul le réclamait depuis plusieurs années, mais une partie des bailleurs rechignait, montrant notamment du doigt la corruption au sein de l'administration.

Cette conférence constitue «une avancée majeure» pour l'avenir de l'Afghanistan, a déclaré mardi le président américain Barack Obama.

La conférence a soutenu l'objectif de M. Karzaï «selon lequel les forces armées nationales afghanes doivent mener et conduire les opérations militaires dans toutes les provinces d'ici à la fin 2014», indique le communiqué final.

L'objectif est ambitieux, la rébellion menée par les talibans ayant gagné du terrain ces dernières années alors même que les forces afghanes sont appuyées par plus de 140 000 militaires étrangers, aux deux tiers américains.

M. Karzaï s'est dit mardi «déterminé» à respecter le délai de 2014, en souhaitant un accord rapide sur les modalités de cette transition.

Le Premier ministre britannique David Cameron, interrogé par la radio publique américaine NPR, a jugé «réaliste» cet objectif.

Le document ne précise pas en revanche si un retrait des troupes étrangères est prévu en 2014. Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé quant à lui que des militaires étrangers resteraient après la période de transition pour assurer un «rôle en soutien» des forces afghanes.

Mardi, un nouvel incident est venu semer le doute sur la fiabilité de ces dernières, soupçonnées d'être perméables à la rébellion.

Dans la journée, un soldat afghan a tué deux civils américains et un autre militaires afghan avant d'être lui-même tué, pendant un exercice de tir dans le nord. Il y a une semaine, trois militaires britanniques avaient été tués par un soldat afghan, toujours en fuite, dans le sud.

La guerre en Afghanistan est de plus en plus impopulaire dans les opinions publiques occidentales, après environ neuf années de combats et en raison des pertes sans précédent que subit la coalition.

Deux soldats des forces internationales ont ainsi péri mardi dans l'explosion de deux mines artisanales, l'arme de prédilection des talibans, dans le sud de l'Afghanistan, a fait savoir l'Otan.

Parallèlement, la conférence a entériné son soutien au dernier programme de paix mis en oeuvre au printemps par le chef de l'État afghan et visant les rebelles de rang inférieur, qui combattraient pour l'argent et non par idéologie.

L'idée n'est pas nouvelle : une amnistie contre une reddition avait été proposée dès 2005 par Hamid Karzaï aux insurgés prêts à renoncer à la violence. Sans grand succès, les rebelles ayant toujours refusé jusqu'ici de rendre les armes, tant que les troupes internationales n'auraient pas quitté le pays.

Peu après la fin de la conférence, décrite comme la plus grande rencontre internationale jamais organisée à Kaboul, le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert la voie à l'octroi d'un prêt de 125 millions de dollars à l'Afghanistan, en indiquant s'être mis d'accord avec ce pays sur les conditions de cette aide.