Il n'en fallait pas plus que l'abattage d'un arbre pour faire voler en éclats quatre années de calme à la frontière entre Israël et le Liban. L'affrontement de mardi, qui a fait quatre morts, a démontré à quel point une petite étincelle avait le potentiel de déclencher une nouvelle guerre.

Mercredi, les deux parties semblaient vouloir tenter de rétablir le calme, mais la clé était clairement entre les mains du Hezbollah.

Si le groupe avait pris part à la mêlée avec une attaque à la roquette contre le nord d'Israël, l'armée israélienne aurait fort probablement répliqué, et une nouvelle ronde de violences aurait été lancée sur le modèle de la guerre-éclair de l'été 2006.

Cette fois-ci, le Hezbollah s'est plutôt contenté de proférer des menaces.

À la tombée de la nuit mercredi, des représentants des armées israélienne et libanaise ont rencontré les responsables de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).

Dans un communiqué diffusé après la rencontre, le commandant de la force de paix, le major-général Alberto Asarta Cuevas, a dit qu'il avait appelé les deux parties à la retenue et à éviter «toute action qui pourrait intensifier la tension».

Il a précisé que la FINUL poursuivait son enquête sur les affrontements et que des conclusions préliminaires avaient été présentées lors de la rencontre. Le communiqué ne donnait pas plus de détails.

Les affrontements ont commencé quand un soldat israélien juché sur une grue a enjambé la clôture frontalière tôt mardi pour couper un arbre qui aurait pu servir de cachette à d'éventuels infiltrateurs. Les Israéliens affirment qu'ils nettoient ainsi les boisés au moins une fois par semaine et qu'ils coordonnent leurs interventions avec la FINUL.

L'abattage de l'arbre a cette fois été suivi de tirs de l'armée libanaise, des tirs qui ne semblaient pas viser le soldat sur la grue mais une base militaire située un peu plus loin. Un haut gradé israélien a été tué d'une balle dans la tête. Un autre officier a été blessé.

Israël a répondu par des coups de feu et des tirs d'artillerie lourde, tuant deux soldats et un journaliste libanais.

Les Nations unies ont établi mercredi que l'arbre, même s'il se trouvait de l'autre côté de la clôture, était en territoire israélien. Les Nations unies ont tracé la frontière, dite «ligne bleue», en 2000, après le retrait des forces israéliennes du sud du Liban après une occupation de 18 ans.

Néanmoins, le Liban considère toujours l'abattage de l'arbre comme une provocation, affirmant que ses soldats ont lancé des tirs d'avertissement après que les soldats israéliens eurent ignoré les appels de la FINUL à cesser leur intervention, ce qui a provoqué la réplique israélienne.

Le ministre libanais de l'Information, Tarek Mitri, a affirmé que le Liban respectait la frontière mais qu'il en contestait toujours certaines parties, insistant pour dire que l'arbre, même s'il était situé du côté israélien de la frontière, était «un territoire libanais».