L'OTAN a reconnu avoir tué jusqu'à une douzaine de civils dans des opérations militaires dans la province de Nangarhar (est de l'Afghanistan), au lendemain de directives du général Petraeus, commandant des forces internationales, pour épargner les civils.

Au cours d'une opération conjointe de l'armée afghane et de l'OTAN, destinée à arrêter un chef taliban, la force internationale en Afghanistan (Isaf) de l'OTAN, a indiqué que ses troupes avaient essuyés des tirs et que des civils avaient tués dans les combats qui ont suivis.

«À la suite d'informations provenant d'officiels de la province de Nangarhar, il apparaît qu'entre quatre et une douzaine ou plus de civils ont été tués», a indiqué le porte-parole de l'Isaf, le contre-amiral Greg Smith dans un communiqué envoyé par e-mail.

«Les forces de la coalition regrettent profondément que notre opération conjointe ait entraîné des pertes civiles et nous transmettons nos plus sincères condoléances aux familles», a indiqué Greg Smith en ajoutant qu'une enquête serait menée avec le gouvernement afghan.

Auparavant, le président afghan Hamid Karzaï avait ordonné une enquête sur la mort d'au moins 12 civils après qu'un gouverneur de district eut indiqué que 26 personnes au total avaient été tués dans des incidents séparés dans cette région.

«Les forces de la coalition ont mené une opération la nuit dernière. Dans le village de Nokrkhail, ils ont tiré depuis les airs sur un véhicule et ont tué douze civils», avait déclaré Mohammad Hassan, le gouverneur du district de Khogyani, dans la province de Nangarhar.

Le responsable local avait affirmé qu'un second village, Hashimkhail, avait été la cible de frappes aériennes. «Quatorze personnes ont été tuées, mais on ignore combien étaient des civils et combien étaient des talibans», avait-il dit.

Ces incidents interviennent au lendemain de l'annonce de nouvelles directives du général David Petraeus, commandant des forces internationales, pour épargner les civils.

Ces «directives tactiques», entrées en vigueur le 1er août, clarifient et précisent les conditions de recours à la force.

«Nous devons poursuivre, en fait redoubler, d'efforts pour réduire les pertes de civils innocents à un minimum absolu», écrit le général Petraeus.

«Avant de tirer, le commandant approuvant une frappe doit déterminer qu'aucun civil n'est présent. S'il n'est pas possible de déterminer le risque de présence de civils, les frappes sont interdites, sauf dans deux conditions», dont la mise en danger des troupes internationales, écrit le général.

Environ 140 000 soldats américains et de l'OTAN sont déployés en Afghanistan pour combattre les talibans, et 10 000 autres doivent les rejoindre en août. Le président américain Barack Obama a prévu un début de retrait en juillet 2011.

Les civils sont les premières victimes du conflit en Afghanistan, frappés trois fois plus par les attaques suicide ou les bombes artisanales des rebelles que par les forces de l'OTAN, selon des chiffres de l'ONU.

Des bavures continuent de susciter les critiques du président afghan Hamid Karzaï. La présidence a ainsi accusé l'OTAN d'avoir mené une attaque à la roquette fin juillet tuant 39 civils dans le sud de l'Afghanistan, ce que l'OTAN a fermement démenti affirmant qu'il n'y avait pas de «preuves» de civils tués.