La Russie mettra en route la première centrale nucléaire d'Iran le 21 août, ont annoncé vendredi Moscou et Téhéran, une installation qui fait grincer des dents dans les pays occidentaux qui accusent Téhéran de chercher à se doter de l'arme atomique.

L'agence nucléaire russe Rosatom a indiqué que le combustible nucléaire russe serait alors chargé dans le réacteur de la centrale de Bouchehr, dans le sud de l'Iran, première étape vers sa mise en service effective.

«Le combustible sera chargé dans le réacteur le 21 août. À partir de ce moment, Bouchehr sera considérée comme une installation nucléaire», a expliqué à l'AFP le porte-parole de Rosatom, Sergueï Novikov.

Le chef de l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique, Sergueï Kirienko sera présent à Bouchehr pour assister à la procédure, a souligné M. Novikov.

Le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, cité par les agences iraniennes Irna et Fars, a confirmé l'annonce russe en précisant que 165 barres de combustible seront transférées le 21 août dans le bâtiment du réacteur avant d'être placées dans son coeur.

«Après trois à quatre mois, le bloc énergétique sera à sa puissance minimale de 1%», a ajouté un autre porte-parole de Rosatom, Vladislav Botchkov, sans indiquer pour autant dire quand la centrale serait réellement mise en service et produirait de l'électricité.

Bien plus optimiste, M. Salehi a assuré de son côté que Bouchehr entrerait en production aux environs de la mi-septembre.

La construction de cette centrale avait été officiellement achevée en février 2009 et la Russie avait ensuite livré le combustible nucléaire nécessaire à son fonctionnement.

Ce projet avait été initié par le groupe allemand Siemens avant la révolution islamique de 1979, puis interrompu peu après le déclenchement de la guerre Irak-Iran en 1980. En 1994, la Russie avait repris le chantier qui devait initialement être achevé en 1999.

L'Iran est sous le coup de sanctions renforcées de l'ONU, la communauté internationale soupçonnant Téhéran de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil.

Les pays occidentaux, États-Unis en tête, ont manifesté leur préoccupation quant à la mise en service de la centrale de Bouchehr.

Les responsables russes ont pour leur part souligné que le développement de Bouchehr se faisait sous le contrôle de la Russie, allié historique de l'Iran, et de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

La Russie, bien que de plus en plus agacée par l'intransigeance iranienne sur son programme d'enrichissement d'uranium, a toujours souligné que la centrale de Bouchehr n'avait aucun rapport avec le programme nucléaire controversé de Téhéran.

Le premier ministre russe, Vladimir Poutine avait déjà indiqué en mars que Bouchehr fonctionnerait dès cet été, une mise en service jugée «prématurée» par la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton.

Cette dernière avait souligné qu'il fallait que le régime iranien «rassure le monde ou que son comportement change en raison de sanctions internationales» pour pouvoir «poursuivre son programme nucléaire civil».