Un responsable de la justice iranienne a démenti les informations selon lesquelles Sakineh Mohammadi-Ashtiani, condamnée à la lapidation dans une affaire d'adultère et de meurtre, avait été récemment fouettée, a rapporté mercredi l'agence Fars.

Vahid Kazemzadeh, un responsable de la commission des droits de l'Homme islamique -qui dépend du chef de l'Autorité judiciaire-, a également rappelé que la peine de mort avait été «suspendue sur ordre du chef de l'autorité judiciaire et ne sera pas appliquée pour le moment», ainsi que l'ont répété à de nombreuses reprises différents responsables iraniens depuis juillet.

Mardi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ramin Mehmanaparast, interrogé par l'AFP lors de son briefing hebdomadaire, avait déjà répondu aux inquiétudes exprimées sur le sort de Mme Mohammadi-Ashtiani en rappelant que «le verdict» de lapidation avait «été suspendu» et était «actuellement réexaminé».

Mme Mohammadi-Ashtiani, mère de famille de 43 ans, a été condamnée en 2006 à 10 ans de prison pour participation au meurtre de son mari avec l'un de ses amants, et à la lapidation pour plusieurs adultères, selon les autorités iraniennes.

La «suspension» de la condamnation à mort a été annoncée officiellement le 9 juillet par l'autorité judiciaire iranienne, et réaffirmée régulièrement depuis par divers dirigeants iraniens, publiquement ou en privé en réponse à plusieurs initiatives diplomatiques lancées pour demander un geste de clémence à Téhéran.

M. Kazemzadeh a précisé avoir rencontré mercredi Mme Mohammadi-Ashtiani à la prison de Tabriz (nord-ouest de l'Iran) en présence de «membres du groupe de défense des droits des prisonniers», selon Fars.

D'après la même source, la condamnée a nié «tout mauvais traitement et torture» et «s'est déclarée surprise par la publication d'informations» selon lesquelles elle avait reçu «des coups de fouet après la publication dans un journal britannique d'une photo qui n'était pas» la sienne.

Le fils de Mme Mohammadi-Ashtiani, Sajjad, avait déclaré par téléphone lors d'une conférence de presse le 6 septembre à Paris avoir «appris» que sa mère avait reçu 99 coups de fouet après la publication le 28 août par le quotidien britannique The Times d'une photo d'une femme sans foulard censée la représenter. Cette photo était fausse et le journal a dû s'excuser.

M. Kazemzadeh a également affirmé que Mme Mohammadi-Ashtiani avait porté plainte fin juillet contre son avocat, Me Mohammad Mostafaie, qui s'est enfui d'Iran. Selon lui, elle a indiqué n'avoir «jamais rencontré M. Mostafaie (...) qui publié sans son consentement des informations la déshonorant».

Toujours selon M. Kazemzadeh, la condamnée aurait «seulement signé une procuration par l'intermédiaire d'une femme (...) et M. Mostafaie a quitté l'Iran après avoir touché 20 millions de rials» (près de 2000$ CAN).

Selon la même source, Mme Mohammadi Ashtiani a démenti être privée de toute visite. «Elle a affirmé qu'elle rencontrait toutes les semaines sa famille et ses enfants Farideh et Sajjad», a déclaré M. Kazemzadeh.